Jamais un scandale sexuel n'a suscité autant de remous en France. Plus que le fait d'être accusé de viol, l'image d'un Dominique Strauss-Kahn, menottes aux poings, quittant un commissariat de police à New York, dans la nuit de dimanche dernier, a fait l'effet d'une bombe médiatique et politique à Paris.Si les adversaires de DSK, le plus dangereux des concurrents politiques de Nicolas Sarkozy à l'Elysée en 2012, ruminent leur joie, les dirigeants socialistes, eux, sont sur le point de perdre une autre bataille électorale avant terme.Cette arrestation peut pourtant donner un sentiment paradoxal aux socialistes. D'un côté, malgré la douleur et l'impact extrêmement négatif que cela aura sur l'image de la gauche, les rivaux internes de DSK, à leur tête l'ancien premier secrétaire François Hollande, voient enfin le bout du tunnel. Ce dernier qui était déclassé par le directeur général du FMI, va prendre sa revanche et savourer longtemps le couloir qui lui sera ouvert jusqu'à l'Elysée. Même si la route sera semée d'embûches difficiles – parmi lesquelles Nicolas Sarkozy - à abattre.L'autre sentiment qui prévaut au Parti socialiste est celui de dépit. «Je suis bouleversée des images que j'ai vues ce matin», a confié Martine Aubry, hier à Paris. Cette candidate potentielle aux primaires socialistes de l'automne prochain est très affectée par ce qui vient d'arriver à son rival, elle qui a longtemps vu en lui la grande chance des socialistes de reconquérir une présidence qui leur échappe depuis 1988.Dominique Strauss-Kahn, qui reconnaissait il y a quelques semaines à un journaliste du quotidien français Libération son penchant pour les femmes, s'est retrouvé depuis hier pris dans l'implacable machine judiciaire américaine. Il devra répondre des chefs d'inculpation de tentative de viol, violence et séquestration. Il risque jusqu'à 50 ans de prison si les peines sont cumulées.Ce risque américain n'est plus seul pour DSK. Le patron du FMI fait désormais face à une nouvelle épée de Damoclès. Les langues commencent à se délier en France même. Rien qu'hier, une journaliste écrivaine française, Tristane Banon, fille d'une élue régionale du Parti socialiste, envisage déjà de porter plainte pour «tentative de viol». La jeune femme de 31 ans, qui a longtemps tu les faits qui se seraient passés en 2002, a même été censurée sur un plateau de télévision. C'était en 2007. Et lorsqu'elle a cité le nom de son agresseur, les responsables de la télévision qui l'avait invitée ont enclenché un… bip.Il est fort probable que d'autres femmes s'expriment maintenant, tant ses frasques sont nombreuses et longtemps tues.Le sort de Dominique Strauss-Kahn à la tête du FMI est également scellé. Les dirigeants du Fonds se sont réunis hier pour discuter de sa succession.A rappeler que Strauss-Kahn n'est pas à sa première «affaire» sexuelle aux Etats-Unis. En 2008 déjà, le FMI avait ouvert une enquête interne pour savoir si une des subalternes du patron avait bénéficié de largesses. Ce que la femme de DSK, Anne Sinclair, avait appelé à l'époque «aventure d'une nuit», s'était limité à une «presque» banale affaire de vie privée. Ce n'est plus le cas cette fois-ci. A. B.