Au Sahel, l'odeur du pétrole a cédé place à celle du plomb. Le terrorisme progresse, mais les moyens ne suivent pas. Et quand la volonté politique est affichée, des puissances occidentales viennent pointer leur nez.C'est pour éviter que la situation sécuritaire échappe aux pays de la région que quatre d'entre eux (Algérie, Mali, Mauritanie et Niger) se sont réunis, avant-hier à Bamako, pour discuter des moyens de faire face à une menace qui les guette de plus en plus. «Nous sommes prêts pour ce combat, pour cette lutte contre El Qaïda», a ainsi affirmé, déterminé, le ministre malien des Affaires étrangères, Soumeylou Boubèye Maïga, à l'issue de la réunion qui a regroupé les ministres des Affaires étrangères des quatre «pays de champ». «A l'évidence, le renforcement de la coopération frontalière est crucial pour répondre, non seulement au double défi de la sécurité et du développement, mais aussi pour restituer aux liens qui unissent nos pays et qui se sont, d'abord, développés entre les populations frontalières leur véritable nature», a quant à lui affirmé le ministre algérien délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, un tantinet plus pragmatique. L'étape actuelle est «assurément celle de la consolidation, elle passe par la revalidation du principe de l'appropriation de nos Etats de leurs responsabilités individuelle et collective de la sécurité de notre région, l'organisation de notre action autour de l'appartenance de nos quatre pays au même champ et le renforcement des mécanismes communs de lutte antiterroriste», a poursuivi le ministre algérien, selon les agences de presse. «Nous, nous voulons faire des actions durables et faire du Sahara une zone de stabilité en matière d'actions, de coopération militaire», a ajouté le chef de la diplomatie malienne. Ce dernier avait dit avant le début de la rencontre que les quatre pays doivent réunir «entre 25 000 et 75 000 militaires» pour faire face à la menace terroriste dans la région.A l'issue de leur rencontre, les quatre ministres des Affaires étrangères n'ont pas mentionné un quelconque effort militaire. Ils ont juste convenu d'une rencontre de concertation tous «les six mois» et d'une réunion qui les regroupera avec «les partenaires extérieurs» à la zone. L'Algérie a été chargée de coordonner les efforts des pays de la région et ceux des pays «extérieurs» pour une meilleure lutte contre le phénomène. Une réunion se tiendra à cet effet à Alger, «probablement vers le dernier trimestre de l'année en cours». Elle portera sur quoi ? Aucune indication précise à ce sujet. «Ce partenariat a vocation à porter sur la formation et le renforcement des capacités, la fourniture d'équipement et de matériel adéquat et l'échange de renseignements», a uniquement précisé le responsable algérien qui n'a pas fourni plus de précision.Il apparaît à travers ces affirmations que les quatre pays du Sahel vont faire appel à l'aide de partenaires extérieurs, notamment l'Union européenne, dans leur lutte contre le terrorisme. Eux qui, il y a quelques semaines, avaient rejeté toute idée d'aide qui viendrait d'autres régions du monde. Mais ont-ils le choix ? C'est la question qui reste posée. A rappeler que les quatre pays ont mis en place, il y a tout juste une année, un commandement opérationnel qui a pour siège Alger. Outre la réunion des ministres des Affaires étrangères, les pays du Sahel se rencontrent régulièrement au niveau des chefs d'états-majors. La prochaine rencontre des ministres des Affaires étrangères de ces quatre pays se tiendra dans six mois à Nouakchott, en Mauritanie. A. B.