Qui l'eût cru, Mohamed Hosni Moubarak, le raïs égyptien, et ses deux fils, Alae et Gamal, qui représentaient, il n'y a pas si longtemps, le pouvoir absolu en Egypte, sont derrière les verrous et répondent de leurs actes devant la justice. Le système Moubarak a été totalement démantelé, comme en témoigne cette présence derrière les barreaux de la prison de Tora au Caire, des deux fils du raïs, son Premier ministre, son chef de cabinet et l'ex-président du Sénat égyptien, en attendant que Hosni Moubarak les rejoigne une fois qu'il quittera l'hôpital. Ainsi, deux mois après avoir quitté les hautes sphères du pouvoir, ils sont appelés à rendre des comptes devant la justice égyptienne. Vu les lourdes charges retenues contre eux, notamment l'usage de la violence contre les manifestants pendant le soulèvement de janvier et février derniers, et enrichissement illégal, Moubarak et ses collaborateurs risquent de finir leurs vieux jours en prison. Selon des sources judiciaires, ils doivent répondre des accusations concernant “l'utilisation de l'argent public” dans le cadre de ces opérations anti-corruption. Moubarak, qui a régné sans partage sur l'Egypte pendant trois décennies, est traduit devant la justice suite aux incessantes réclamations des mouvements qui ont mené la révolte anti-régime au début de l'année. En effet, une manifestation réclamant sa traduction en justice a rassemblé vendredi plusieurs dizaines de milliers de personnes au Caire sur la place Tahrir, épicentre des rassemblements qui ont fait chuter le raïs. L'ex-président égyptien Hosni Moubarak et ses deux fils Alae et Gamal ont été placés en détention pour 15 jours par la justice. Ils ont été précédés par l'ancien Premier ministre Ahmad Nazif, l'ancien président du Sénat et secrétaire général de l'ex-parti au pouvoir Safouat El-Chérif et l'ancien chef de cabinet du président, Zakaria Azmi. Les événements se sont précipités mardi en fin de journée et dans la nuit, avec les annonces de l'hospitalisation du président déchu, 82 ans, son interrogatoire pour une enquête sur les violences contre les manifestants qui ont provoqué son départ, et les mises en arrestation des trois hommes. “Le procureur général Abdel Maguid Mahmoud a ordonné la mise en détention préventive pour 15 jours de l'ancien président Hosni Moubarak et ses deux fils dans le cadre de l'enquête sur l'usage de la violence contre les manifestants pendant le soulèvement de janvier et février”, a indiqué un porte-parole du parquet. Il a indiqué que l'interrogatoire de l'ancien président et de ses fils n'avait pu être mené au Caire, “pour des raisons de sécurité”. L'interrogatoire de Hosni Moubarak se poursuivra dans l'établissement hospitalier, où il est placé en état d'arrestation. Hier, une source des services de sécurité a indiqué que les fils Moubarak étaient arrivés dans la matinée à la prison de Tora, dans le sud du Caire. Et dire qu'avant la révolte, Gamal Moubarak, l'un des principaux cadres dirigeants du parti au pouvoir, le Parti national démocrate (PND), était considéré comme le successeur désigné de son père. Son frère aîné Alae, beaucoup moins présent sur la scène politique et médiatique, a fait carrière dans les affaires. Pour rappel, le président déchu était sorti de son silence dimanche pour la première fois en deux mois pour défendre son “intégrité” et récuser les accusations de malversations, se disant victime d'une “campagne de diffamation”, dans une allocution sonore diffusée par la chaîne Al-Arabiya.