De notre envoyé spécial à Cannes H. Mohamed Croisé à l'aéroport Houari Boumediene, à sa descente d'avion, à Alger, le sac du festival de Cannes en bandoulière, nous nous approchons de lui pour en savoir plus.Il s'appelle Makhloufi Amokrane. Il a 25 ans et vient de rentrer de Cannes. Il est étudiant en première année cinéma, section réalisation à l'école de Bordj El Kiffan (Ismas). Amokrane est aussi membre de l'Association Project'heurts, l'organisatrice des Rencontres Cinématographiques de Béjaïa, qui, cette année, a prévu plus de soixante-dix films dans son catalogue à présenter chaque jour, à raison de quatre séances par jour (du 11 au 17 juin) Mais comment notre jeune étudiant Makhloufi a fait pour débarquer à Cannes et pourquoi faire ? «J'ai postulé pour les Rencontres Internationales de Jeunes organisées par G production, une association française qui choisi chaque année une quinzaine de jeunes issus du monde entier et j'ai été retenu. On m'a octroyé une accréditation pour le festival de Cannes, durant lequel on essaye de profiter au maximum en regardant des films. On en a bien profité. On a accès à toutes les projections mis à part le marché des films et les longs métrages en compétition officielle. Néanmoins, nous avons le privilège d'assister aux séances de la section Un certain regard. On était un groupe d'une douzaine de nationalités différentes dont un canadien, une américaine, un pakistanais, un iranien, un tunisien etc. De l'Algérie nous étions deux», répondra notre interlocuteur.En effet, en plus de Makhloufi Amokrane, un autre jeune, Mokri Alla Eddine, faisait partie de cette belle aventure. Grâce à un prix obtenu pour son petit film lors du Poket film festival, au CCF d'Oran, il a également bénéficié du sésame qui lui a permis de se rendre à Cannes : La fameuse accréditation. Bellali Sofiane, un troisième jeune algérien, d'Azazga, fera, lui, la fierté de l'Algérie. Son court métrage Rapt, réalisé en 3D, a été sélectionné dans le Short film corner. Le court métrage de 35mn raconte l'histoire d'un jeune de 17 ans, fils d'un homme d'affaires de la région de Boghni, qui a été kidnappé et dont les parents ne savent quoi faire : capituler ou résister ? Le film a été présenté lors de la semaine de la critique.Mais que peut ressentir un jeune de 25 ans en posant ses pieds pour la première fois à Cannes ? «Pour l'instant je ne réalise pas encore, je n'ai pas encore atterri, c'est la première fois que je vais à Cannes. J'ai eu la chance de voir des films nouveaux des plus intéressants», confie Makhloufi Amokrane. «J'ai surtout apprécié deux films. Le premier est celui de la libanaise Nadine Labaki Et maintenant on va où ? L'histoire se passe dans un village où chrétiens et musulmans cohabitent en pleine guerre civile. Des femmes se mobilisent pour que la paix demeure au village. Mon second coup de cœur est pour le film français les Neiges du Kilimanajaro de Robert Guédiguian qui a été projeté dans la section Un certain Regard», ajoutera-t-il. Amokrane est revenu à Alger avec plein d'idées en tête. Compte-t-il réaliser prochainement un film, lui, l'étudiant en cinéma ? «Je dois, certes, réaliser quelque chose. J'ai deux sujets de scénarios, l'un raconte l'histoire d'un enfant qui perd une jambe en marchant sur une mine anti-personnelle et l'autre parle de deux mondes parallèles, celui des hommes et des femmes, qui ne se rencontrent jamais. J'espère tourner ces deux films un jour», souligne le jeune étudiant.Alors, qui a dit que l'Algérie n'était pas à Cannes ? Un bémol cependant. Car, ce n'est pas l'Algérie qui a envoyé nos jeunes pleins d'espoir en les prenant en charge à Cannes, mais un pays étranger. Que fait donc le ministère de la culture ? Soutenir nos jeunes cinéastes par le discours ne suffit pas. Il faut aussi, et surtout, le faire avec des aides concrètes et les accompagner pour qu'ils puissent voler de leur propres ailes.