Le cinéclub Allons voir un film, l'un des pendants de l'association Project'Heurts de Béjaïa, a fait défiler, le week-end dernier, à la cinémathèque de la ville, les images inaugurales de sa deuxième saison d'activité. Avoir 20 ans dans les Aurès, le film ocre et abrupt de René Vautier, est la première bobine à être déroulée cette année, via une suite de petits coups de hasard. Ce film, programmé une quinzaine de jours auparavant à l'occasion du passage du vieux maquisard de l'image dans la ville, a été finalement servi au moment où s'embraie cette nouvelle année de projection. On a beau voir le film, il vous tenaille dès l'abord une sorte de malaise qu'accentue l'évolution de la trame entre la semi-fiction et carrément le documentaire. Le film est violent malgré sa naïveté, et des acteurs un peu pathétiques et manquant de crédibilité. De la violence de la dégénérescence coloniale et de la naïveté des bonnes idées. Le film est prix de la critique internationale au Festival de Cannes en 1972, sans doute dans la suite des grandes bouffées de liberté qu'à charriées un certain mai 1968. Le long métrage est un autre acte militant de celui qui a tant cherché à « écrire l'histoire en images, tout de suite ». Le cinéclub de Project'Heurts voudrait faire mieux cette année, maintenant que des réflexes ont été acquis et des circuits de collaboration ouverts. L'année dernière, contre vents et marées, le groupe a pu réaliser 18 projections, articulées, quand la chose fut possible, autour de cycles déterminés. Ainsi, les cinéphiles qui ont eu l'heur de rôder autour de Project'Heurts ont eu droit au cycle italien, via le néoréalisme, un cycle polonais puis algérien, et des projections qui ont tenté de faire connaître encore plus Chahine, l'enfant terrible du cinéma arabe. L'activité du cinéclub est pour les membres de l'association une manière d'entretenir l'intérêt du public pour le cinéma, entre deux grands rendez-vous des journées cinématographiques de Béjaïa. Comme les journées cinématographiques pourraient être le couronnement d'une pleine saison de projections et de débats « Il ne s'agit pas pour nous de mettre en branle, chaque année, la machine à organiser des journées cinématographiques par pure fidélité à un rendez-vous, mais de faire en sorte qu'il y ait demande et public derrière », dira Samir, un membre du bureau de l'association.