Sale temps pour les marins algériens. Deux cas de figure illustrent cet état de fait. D'abord, le cas des dix-sept marins algériens du vraquier algérien M/V Blida kidnappés depuis plus de 5 mois par des pirates somaliens, et dont le sort n'est toujours pas connu, et depuis lundi, le drame vécu par dix-huit marins à bord du navire Nedroma, propriété de la CNAN. Contrairement à leurs collègues du M/V Blida, les marins du Nedroma sont, eux, prisonniers des eaux et d'un litige financier qui les oppose au groupe Sekur Holding de nationalité grecque, affréteur du navire. Leur cas, qualifié de dramatique par leurs familles, dure depuis plusieurs mois, mais leur situation n'a été révélée à l'opinion publique que lundi dernier à la faveur d'un SOS lancé par leurs familles à travers les colonnes d'un quotidien national. Jusque-là, on ignorait tout d'eux. Devant cette situation d'adversité, les familles des marins du M/V Blida et du Nedroma ont décidé de tenir un rassemblement commun, demain jeudi, devant le siège de l'IBC, filiale de la CNAN, propriétaire des deux navires. C'est ce qu'on a appris hier auprès des proches des marins du Blida qui se sont rassemblés devant la société précitée. Objectif : attirer l'attention des hautes autorités du pays sur le cas de ces marins qui ne veulent que rejoindre les leurs, d'autant que l'échéance du mois sacré du Ramadhan approche à grands pas. Contacté hier, le DG de l'IBC, M. Nacer Mansouri, nous a confié que le problème du navire Nedroma, malgré sa complexité, «est pris en charge et sera réglé incessamment», sans plus de détails. Signalons que l'équipage du Nedroma est sans salaire depuis 6 mois, les pourparlers avec l'affréteur hellénique n'ayant abouti à rien de concret. Selon leurs familles, le «calvaire» des 18 marins du Nedroma a commencé dès septembre 2010 lorsqu'ils ont regagné le navire en Malaisie en compagnie d'autres marins de nationalités étrangères (4 Ukrainiens et 11 Philippins). Une fois en mer, relatent leurs familles, les membres de l'équipage n'ont pas perçu leurs salaires au bout du premier mois et les démarches entreprises auprès de leur employeur n'ont abouti qu'à une «simple promesse» de perception de leur dû au bout du deuxième mois d'exercice. «De port en port et au bout du deuxième mois, la promesse n'a pas été tenue, la réponse des responsables de la Sekur Holding n'a pas changé et les marins espéraient avoir enfin leurs salaires, et que cette fois l'engagement soit tenu.» Cependant, au bout de six mois, les marins algériens n'ont rien perçu. «Le drame est que le contrat de travail les liant avec le groupe CNAN venait d'expirer», précise-t-on. Aujourd'hui, l'équipage du Nedroma est à son huitième mois sans salaire. Le drame de ces marins n'est pas seulement dans leur situation, mais surtout dans le silence inexpliqué des autorités officielles du pays. L'Etat est plus que jamais appelé à intervenir. En toute urgence… Y. D.