Photo : M. Hacène Par Wafia Sifouane Comme à l'accoutumée, l'ouverture officielle du Festival national du théâtre professionnel qui est à sa 6e édition a drainé un grand nombre de festivaliers et amateurs du 4e art. Venu découvrir les nouvelles productions théâtrales de l'année 2011, inscrites en compétition officielle, le public a eu droit d'abord à la traditionnelle cérémonie d'ouverture qui s'est faite avec un spectacle de poésie mis en scène par Ahmed El Aggoun. Le spectacle, haut en couleur, a donné l'occasion aux spectateurs de se délecter par la déclamation de quelques vers, le tout empreint par la beauté des tenues des artistes qui semblaient être sortis d'une autre époque.La présentation sera suivie par des hommages rendus à 17 artistes algériens et étrangers. On citera parmi les nationaux Linda Selam, Souad Sebki et Bekhti Mohamed. Quant aux artistes étrangers, on citera l'Irakienne Shadaa Salem, la Jordanienne Kamar El Safdi et le Soudanais Youssef Aidabi. Par ailleurs, le directeur du TNA et commissaire du festival n'a pas manqué à répondre aux artistes contestataires ayant animé un sit-in à la place Abdelkader Alloula à l'entrée du TNA pour revendiquer le statut d'artiste et le départ de ce dernier. Se félicitant de la pérennité de cet événement, M. Benguettaf a adressé un discours élogieux à la faveur de ses employés ainsi que tous les collaborateurs du 4e art, leur attribuant tout le mérite en ce qui concerne la résistance et l'émergence du 4e art en Algérie. Cet interlude protocolaire cédera vite les planches à la troupe du théâtre régional de Sidi Bel Abbès qui a ouvert la compétition avec le spectacle Layali el Maout. Ecrit par le dramaturge Hmida El Ayachi et mis en scène par Azzeddine Abbar, le spectacle a encore une fois confirmé la puissance et la créativité du duo audacieux et innovateur. Lauréat du grand prix du FNTP à plusieurs reprises, le spectacle de Sidi Bel Abbès était l'un des plus attendus par les festivaliers curieux de découvrir les dernières créations de la troupe.Extinction des lumières, le spectacle s'amorce avec un chant mélancolique sorti des ténèbres. Les habitués reconnaîtront vite la voix de la talentueuse mostaganémoise Hanane Boudjemâa. Accompagnés d'un luth, les comédiens se positionnent sur scène. Le décor laisse vite penser à une taverne orientale avec des tapis et des poufs. Il s'agit d'El Maghna géré par Safia et sa fille illégitime Rabab en compagnie d'Omar El Khayam, le légendaire poète perse. Les trois attendent une mort certaine délivrée par Nidham el Mulk, homme au pouvoir assoiffé de grandeur et aveuglé par son statut. La pièce nous fait voyager dans le temps et fait escale à l'époque de Hassan el Sabbah, fondateur de la secte des Hachachine (dont découlerait le terme «assassin»). Ce dernier, reclus dans sa forteresse, terrorise les habitants et décide de la vie et de la mort des hommes politiques comme Nidham el Mulk. Chaque responsable aura son assassin. Mettant en scène trois époques différentes, la pièce se projette au-delà du contexte historique et offre une lecture philosophique de la vie. On retrouve l'éternel duel entre le bien et le mal, la soif du pouvoir, le tout dépeint dans un tableau noirci de terreur. Au-delà de l'aspect féerique, la pièce a gardé le même rythme tout au long de la représentation, ce qui l'a relativement alourdi. On relèvera une belle scénographie où on reconnaîtra la touche d'Abderrahmane Zâaboubi.Rappelons que la 6e édition du Festival national de théâtre professionnel se poursuivra au TNA et cela, jusqu'au 7 juin prochain. A l'affiche 14 pièces en compétition officielle ainsi que des représentations en off à la salle El Mouggar, Hadj Omar (TNA) et au Palais de la culture.