De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad De prime abord, il est aberrant de constater que les assemblées populaires communales sont gérées par l'ordonnance 24/67 du 18 janvier 1967 relative au code de la commune et, un peu moins anormal, par la loi 90/08 du 7 avril 1990 régissant les collectivités locales, sachant l'accélération inéluctable de l'évolution des besoins de la société nés des diverses révoltes populaires qu'a connues l'Algérie ces deux dernières décennies exigeant plus de démocratie et de liberté dans la prise en charge des préoccupations primaires de la population. Quand l'administration fait le constat d'échec de… l'administration Une journée d'étude sur la gestion des services d'état civil organisée à Tizi Ouzou, il y a deux ans environ, a mis en relief tous les aléas administratifs et les souffrances des usagers de la région une fois face aux préposés aux guichets des mairies et autres administrations et directions locales. Trafic dans les pièces administratives de l'état civil, disparition de pièces d'archives uniques dans le genre, d'actes et de registres. «Avec la manière dont il fonctionne actuellement, l'état civil, dans une grande partie des communes de la wilaya de Tizi Ouzou en particulier, et sur le territoire national, en général, est loin d'honorer l'Etat algérien qui a pourtant consacré des moyens importants pour la modernisation de cette partie de l'administration», ont déclaré à l'unanimité les spécialistes invités à la rencontre destinée à la sensibilisation des élus, à leur tête les présidents d'APC et les fonctionnaires des services de l'état civil. L'ex-wali de Tizi-Ouzou Hocine Mazouz, actuel wali de Batna, qui a eu à intervenir au cours de la même séance, a regretté la situation et la qualité des prestations dues à la population de la région de Tizi Ouzou, mettant l'accent sur le fait de laisser un tel service entre les mains de jeunes recrutés dans le cadre de l'emploi de jeunes en plus des multiples insuffisances dans l'organisation, le fonctionnement, l'accueil, la sécurisation des documents, la tenue des registres et des prestations fournies au public. Lors de la même journée d'étude, il a été fait état de plus de 5 000 «erreurs» pour la seule année 2007 relevées dans les registres.Pour les usagers, les guichets des APC, des daïras, des salles d'attente des administrations locales sont un véritable goulot d'étranglement alors que les responsables des Assemblées communales et autres administrations mettent en avant les problèmes du foncier, la faiblesse des recettes fiscales et des budgets alloués par l'Etat, les lenteurs et la bureaucratie à l'échelle des services de l'administration locale et centrale (surtout quand il s'agit de projets sectoriels) pour expliquer la réalité lamentable de leur gestion ; ce qui est en partie vrai quand on est en plein dans le flou de l'interprétation et la vitesse d'exécution des lois, la lecture faite du code communal en premier lieu. Une cascade de réclamations et des erreurs de transcriptions à la chaîne A ce sujet, il est important de souligner que les bureaux et les guichets des APC de la wilaya de Tizi Ouzou sont les marqueurs de la nouvelle bureaucratie montante. On se rappelle du tollé général qu'ont soulevé les mesures prises début 2010 pour la délivrance du passeport et de la carte d'identité biométriques avant que le ministère de l'Intérieur ne fasse marche arrière pour alléger les procédures concernées sans pour autant informer convenablement la population ou convaincre les plus avisés des usagers et les cadres indépendants de l'administration. Des noms ou prénoms mal transcrits, des dates de naissance illisibles ou raturées sur les registres de l'état civil ou sur le livret de famille, des erreurs dans la traduction de données de l'arabe au français, la multiplication des requêtes adressées aux chefs de service de l'état civil, les requêtes à l'adresse du procureur de la République pour pouvoir donner un prénom amazigh à son enfant sont le lot des administrés de la wilaya de Tizi-Ouzou, en plus des accrochages verbaux durs, parfois des bagarres, des violences verbales et physiques entre préposés aux guichets et les impatients demandeurs de documents indispensables à la confection de divers et interminables dossiers et des files d'attente infinies. Les épisodes extrêmes liés à l'obtention de l'extrait de naissance n°12 exigé pour l'obtention de l'autre extrait de naissance 12S sont par ailleurs les plus rocambolesques. Des histoires incroyables ont circulé à ce propos, mettant en avant les inepties de la gestion des services d'état civil et les comportements approximatifs des fonctionnaires de l'Etat.Un topo de la situation : au niveau de la seule APC du chef-lieu de wilaya de Tizi Ouzou, une équipe de nuit composée d'une dizaine de travailleurs a eu à travailler l'année dernière pendant de longues semaines pour tenter d'absorber une demande massive en la matière. Une mission d'autant plus difficile quand on sait que les agents de l'état civil de la même APC, pour se mettre à l'abri des violences dont ils sont d'ailleurs toujours la cible privilégiée d'une certaine catégorie d'usagers, ont eu recours au débrayage. Des employés, vacataires de surcroît, ont été agressés à l'arme blanche sous prétexte d'indisponibilité de l'imprimé nécessaire pour l'établissement de l'acte de naissance n°12. Pour le collectif autonome des travailleurs de l'APC, il a fallu batailler pendant des jours pour voir les responsables locaux répondre à leur demande d'installer un poste de police au sein du siège de l'APC devenu un ring ouvert sur tous les dangers possibles et imaginables.D'autre part, l'informatisation et la numérisation de l'état civil dans les APC de Kabylie demeurent un vœu pieux et rien n'indique que quelque chose de positif se profile à l'horizon dans ce sens. Alors on nage toujours dans la bureaucratie à Tizi Ouzou et en Kabylie, où le sous-développement reste la marque exclusive de ses régions.