De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad L'administration fait grimper l'adrénaline aux usagers dans la quasi-majorité des institutions publiques, administrations, et sièges de daïra et de mairie de la wilaya de Tizi Ouzou. Il est rare de trouver des remarques positives et encourageantes inscrites dans les registres de doléances mis à la disposition de la population par quelques administrations respectueuses des préoccupations des administrés. Les bureaux des APC, des tribunaux, de la trentaine de directions de wilaya, des banques et des organismes d'Etat, notamment ceux réservés à la création d'entreprises pour les jeunes chômeurs, font peur aux milliers de demandeurs de services divers et, surtout, indispensables à la suite des étapes pour la constitution des multiples dossiers exigés. Nombre d'actions de fermeture et de blocage des bureaux des sièges d'APC pour dénoncer la mauvaise gestion des administrateurs sont enregistrées dans différentes régions de la wilaya. Des dénonciations parfois anonymes d'élus locaux et des courriers destinés aux plus hautes instances de l'Etat renseignent aussi sur la déliquescence de la situation qui prévaut dans les halls et les guichets des différentes administrations de la wilaya de Tizi Ouzou.Tous les bureaux de l'administration sont synonymes de stress et d'angoisse. Des files d'attente anarchiques et désorganisées qui s'allongent et durent toute la journée sont une image courante. Le piston, les passe-droits, les goulets d'étranglement, les bousculades, les bagarres sont le lot quotidien de la population locale. Ce sont là les marques inaliénables et révoltantes de la bureaucratie à l'algérienne, une véritable galère. Même le secteur économique est gravement affecté, par ricochet, par ce phénomène qui retarde nombre de projets de première importance pour la «relance» du développement local, quand il ne fait pas carrément fuir les investisseurs et les chefs d'entreprise qui préfèrent aller s'installer dans d'autres «régions» plus flexibles et moins bureaucratisées. A ce sujet, il est utile de rappeler que des élus de la région de Kabylie pensent qu'ils sont en fait des espèces de boucs émissaires d'une situation dont ils estiment n'être nullement responsables et que c'est l'administration centrale et locale qui est derrière les accusations de nonchalance et de travail mal accompli distillé à leur encontre par l'opinion. «Il s'agit de l'absence de volonté politique de la part des pouvoirs publics pour lancer l'investissement en Kabylie en faisant endosser cette dangereuse posture aux élus locaux alors que chacun a ses prérogatives définies par la loi», affirme un élu qui en est à son troisième mandat au sein de l'Assemblée populaire de sa commune rurale dans l'extrême-sud de la wilaya de Tizi Ouzou.La dernière tentative de «porter atteinte à l'image des élus du peuple» aura été celle de l'amendement du code communal qui «réduit les premiers magistrats de la commune à de simples valets sans influence ni pouvoir, insignifiants même devant les largesses accordées au secrétaire général et à un degré moindre au wali», estime un autre élu qui se «cherche toujours politiquement au sens d'adhérer ou non à un parti politique». Son collègue parle de «complication» des dispositifs de création d'entreprises et des aberrations qui caractérisent beaucoup de demandes de l'administration en matière de documents justificatifs prévus dans les dossiers. Sans compter les milliers de demandes de rectification d'erreurs dans les transcriptions d'un nom, d'un prénom ou d'une date de naissance illisible ou «surchargée» qu'on peut retrouver dans les registres d'état civil des mairies, le livret de famille. Les erreurs de traduction à partir de la langue arabe vers le français, les requêtes de corrections et le recours «pour un oui ou un non» exigés et adressés au procureur de la République complètent le tableau et compliquent un peu plus le parcours pour parvenir à boucler un dossier… Le chaos administratif est tel que, par exemple, les débrayages et les grèves contre l'«insécurité» sont monnaie courante au niveau des sièges des APC. «Des gens peuvent devenir très méchants et agressifs pour se faire établir un acte de naissance n°12 ou le 12S», témoigne un fonctionnaire de l'APC de Tizi Ouzou, la plus sollicitée des 67 communes de la wilaya.Quant aux remèdes et solutions à apporter pour permettre aux administrations d'accomplir leurs tâches avec célérité et efficacité, de soulager la pression sur les préposés aux guichets et, par conséquent, mettre fin aux longues files d'attente et neutraliser cet élément de blocage qu'est la bureaucratie, ils se résument en quelques mots : la modernisation des services administratifs. Notre fonctionnaire abonde dans Ce sens et affirme que, selon sa «propre expérience» dans le domaine, la solution «urgente» qui doit être envisagée par les autorités, est dans la modernisation et l'humanisation des espaces administratifs. «L'informatisation et la numérisation de l'état civil et de tous les fichiers administratifs de toutes les directions» est plus que nécessaire, soutient-il.En fait, la suggestion n'est pas nouvelle. Elle a même été adoptée et il y a des années déjà qu'on parle de la numérisation de tous les registres d'état civil, de l'informatisation de leurs services et de l'introduction de l'outil informatique dans toutes les administrations. Mais ce projet, que tout le monde attend avec impatience, tarde à se concrétiser dans la réalité. Les services et administrations informatisés, toutes institutions confondues, se comptent sur les doigts d'une main dans la wilaya de Tizi Ouzou. Bien évidemment, c'est là un problème de volonté politique et d'initiatives.