Photo : S. Zoheïr Par Amar Rafa Les représentants de six syndicats de l'enseignement supérieur, reçus, hier, par l'instance de consultations sur les réformes politiques, ont soumis un ensemble de propositions sur les réformes politiques attendues.Le professeur Nacer Djidjelli, président du Syndicat des professeurs et docents en sciences médicales (Snpdsm) a exprimé son «désaccord avec la démarche adoptée par les pouvoirs politiques dans notre pays», estimant que «cela ne pouvait pas à notre avis résoudre la crise que connaît notre pays depuis des décennies, parce que, tout simplement, nous ne pensons pas que c'est un problème de textes, et qu'il suffit de les changer pour avoir un avenir rose le lendemain matin». Il considère que «le problème est dans les personnes, qui n'appliquent pas ces textes et qui les foulent aux pieds à chaque fois qu'ils le peuvent». «Nous ne pensons pas non plus que le pouvoir politique actuel, ou depuis des décennies, puisse se réformer de lui-même et par lui-même uniquement», a-t-il ajouté.«Il est impératif de mettre fin aux fonctions de l'exécutif actuel, qui nous a dit, il y a quelques mois, qu'il n'y avait aucun problème politique», dira le Pr. Djidjelli qui propose un gouvernement de transition et l'installation d'un commission «composée de personnalités politiques, universitaires, représentants syndicaux et du mouvement associatif, pour justement réfléchir aux problèmes de l'Algérie, faire un diagnostic de la situation et proposer les voies et moyens pour en sortir». Cet avis est partagé par le Dr Asla Fares, président du syndicat national des maîtres assistants en sciences médicales, qui estime que «le débat qui est actuellement proposé est totalement biaisé, car, ce n'est pas l'aménagement des textes de la constitution et des lois concernant le système électoral qui apportera un changement réel ou des solutions aux problèmes socio-économiques ou politiques du pays […]. Les lois sont là, existent avec leurs insuffisances bien sûr, le problème est dans la non application de ces textes», affirme-t-il. L'exemple précis, selon lui, est celui de la corruption. «Le rétablissement de la confiance passe par le changement du système de gouvernance», dira-t-il entendant «l'ouverture réelle et non conjoncturelle des médias, pour l'émergence réelle d'un contre-pouvoir qui puisse apporter l'équilibre et la balance dans les débats». Messaoud Amarna, le SG du Syndicat nationale des enseignants universitaires (Sneu), affilié à l'UGTA, proposera pour sa part des mesures pratiques notamment la révision de la constitution et la définition du système politique et d'autres textes législatifs. Il a indiqué vouloir proposer une autre définition du rôle des universitaires dans les réformes politiques, la vie politique, sociale et économique, afin qu'ils soient représentés dans les institutions officielles du pays, et qu'«on leur donne le rôle qu'ils méritent». Le syndicat a axé également ses propositions sur deux points : les rôles de l'école algérienne dans la formation des générations, et des médias.Rahmani Abdelmalik, coordonnateur national du CNES, a, lui, indiqué qu'il est venu pour apporter une pierre à l'édifice qui est entrain de se mettre en place. Les pouvoirs publics ont compris que pour éviter de vivre la situation régionale et internationale que traverse le monde arabe et le Maghreb en particulier, il est temps de dégeler le processus démocratique, bloqué pendant plus d'une décennie. Cependant, «nous avons souligné une chose importante pour la réussite de n'importe quel processus démocratique : la responsabilité des pouvoirs publics dans l'émergence de la conscience citoyenne et la promotion des libertés individuelles et collectives […]. La solution pour que cette conscience citoyenne puisse être le moteur de tout changement dans le pays se trouve dans l'école, qui va fondamentalement déterminer le citoyen de demain», a-t-il affirmé. «La promotion des libertés individuelles et collectives est la condition nécessaire pour tout projet de réformes, sinon on va revenir encore à la case départ et continuer à proposer des projets de réformes qui n'aboutiront jamais», ajoutera-t-il.Smati Zoghbi Kamel du syndicat national des chercheurs permanents, affilié à l'UGTA, a affirmé que «la question n'est pas celle des textes de lois, mais celle du changement des pratiques». «Avec la volonté politique de toutes les parties, même au sein du système législatif actuel on peut construire l'Algérie de demain», dira-t-il. La révision de la constitution «doit valoriser une large participation des jeunes, et des femmes», soutient le syndicaliste qui indiquera avoir fait des propositions relatives à la séparation des pouvoirs, le contrôle des élections, l'interdiction à toute personne ayant participé à des activités terroristes de créer un parti politique et, enfin, l'ouverture de l'audiovisuel. Il est temps de «remplacer la légitimité historique par celle des compétences», conclut-il.Pour le président de l'Association nationale des professeurs et maître des conférences, Ahmed Boucenna, la crise que vit actuellement l'Algérie n'a aucun lien avec les textes de loi, notamment la constitution, mais, elle relève des fondements philosophiques de l'Etat algérien depuis l'indépendance du pays. Aussi, plaidera-t-il pour la mise en place de nouvelles bases philosophiques pour l'Etat algérien tout en appelant au démantèlement de la philosophie coloniale et de la philosophie socialiste, entre autres.