L'huile et le sucre n'augmenteront pas. Existe-t-il meilleure nouvelle que celle-là, la seule d'ailleurs aux yeux des dirigeants, qu'ils se situent au sein de l'exécutif ou du législatif, qui puisse encore maintenir en état d'allégresse permanent les masses ? Rassurés qu'ils sont, les millions d'Algériens vont autrement réfléchir à leurs vacances, au pactole qu'ils s'autorisent déjà à claquer sous les dards de l'astre solaire. La fausse note, parce qu'il s'en trouve une, est que des malins vont tirer profit de ce qui, logiquement, devrait être destiné seulement à ceux qui ont des difficultés à terminer les fins de mois. Les députés en sont d'ailleurs offusqués à telle enseigne qu'ils sollicitent du ministre des Finances l'éventualité de répandre l'aide de l'Etat à ceux qui la méritent seulement. En fait, ce soutien des prix entrerait, selon la vision des uns et des autres, dans le cadre de la politique de protection du pouvoir d'achat, voire de son amélioration. Ce qui d'emblée relève de la gageure compte tenu des mesures contradictoires prises par certains départements ministériels de procéder à des augmentations de salaire tous azimuts et réputées notamment être un véritable pied de nez à l'orthodoxie économique. Dans un premier élan, le ministre des Finances lui-même a déploré l'annonce d'augmentations salariales de l'ordre de 50% avec effet rétroactif de plus de deux années pour certains secteurs d'activité. Même s'il s'est lui-même rapidement rétracté par la suite.Toutefois, ce soutien claironné à deux produits de base dans la mesure où il en a été décidé ainsi est-il suffisant pour ne pas dire serait-il quelque part une solution miracle qui permettrait à nos concitoyens de voir sous un tout autre prisme la réalité de tous les jours ? Très peu évident ! Question pauvreté, il est aisé d'affirmer que si la référence était faite à des normes standards en vigueur dans le reste du monde, au minimum les deux tiers de la population algérienne émargeraient dans le rayon des démunis, sauf que la débrouille, d'une part, et la solidarité périphérique, d'autre part, brouillent quelque peu cette réalité en en renvoyant l'échéance à de cycliques périodes et, plus précisément, quand le ras-le-bol s'exprime par des émeutes tombées par la force des choses. De ce point de vue, il semblerait plus logique d'inculquer des habitudes de consommation aux Algériens que de recourir à l'automatique soutien des prix qui plus est dans un système économique réputé libéral… hybridé à souhait par autant de mesures, voire de politiques contradictoires ; sans pour autant que tous les programmes et mesures pris aient permis de corriger d'une manière définitive les trajectoires. D'où sans doute l'idée des députés de demander au gouvernement de cibler les catégories sociales réellement dans le besoin pour préserver leur pouvoir d'achat en soutenant les prix de quelques produits de base. La suggestion, ou même «l'exigence» est bien entendu totalement incongrue, du moins en ce qui concerne le ciblage d'une strate sociale précise d'autant plus qu'elle ne l'est pas.Quoi qu'il en soit, la décision de subventionner des produits ne saurait durer éternellement compte tenu des exercices de funambules auxquels recourent les différents départements gouvernementaux pour y parvenir, comme la suspension des droits de douane, l'exonération de taxes et autres qui grèvent le Trésor public à hauteur de 40% du prix coûtant des produits, jusqu'à inquiéter l'Etat… Il (l'Etat) a déjà accordé plus de 450 milliards de dinars en avantages fiscaux aux entreprises… L'économie ne génère pas de richesses… A présent, c'est à ces entreprises de créer des emplois, de la richesse, et de payer leurs impôts», propos tenus par le ministre des Finances dont l'espoir reposerait alors sur son collègue de la Solidarité dont il attend le précieux concours qui consisterait à lui fournir «un fichier des démunis» et lui permettre alors de cibler les populations concernées par les subventions. Tout un programme d'abord compte tenu de sa complexité et une vue de l'esprit ensuite comme il ne peut s'en inventer qu'ici. A. L.