La spirale de la violence ne semble pas connaitre de limites en Syrie. Le pays connait une répression qui n'a de précédent que celle de la révolte islamiste de la ville de Hama conduite à l'automne 1981 par le frère de Hafez el-Assad, et qui a fait des milliers de morts. Le vendredi a été particulièrement meurtrier avec un nouveau lot de larmes et de sang. Plus de 30 personnes ont été tuées. Les témoignages de militants des droits de l'Homme attestent que les hélicoptères appuyaient les forces de sécurité au sol et tiraient sur la foule. Hier à Jisr al-Choughour, théâtre du carnage qui a couté la vie à 120 policiers la semaine dernière, les chars de l'armée syrienne encerclaient la ville faisant craindre aux opposants du régime de Bachar el-Assad une répression sanglante dans cette région proche de la frontière turque. Des milliers de civils auraient fui vers la Turquie. La grande majorité de la population de cette ville, estimée à près de 40 000 habitants, a tenté de quitter les lieux avant le début du siège. Damas, qui a promis que l'assassinat des 120 membres des forces de sécurité sera vengé, affirme vouloir nettoyer la région des «groupes armés» qui y ont trouvé refuge. La télévision d'Etat syrienne rapportait hier, que l'armée avait arrêté plusieurs dirigeants de ces «groupes armés» à Jisr al-Choughour. Alors que plus de 4 600 Syriens ont franchi la frontière turque, les autorités locales du village turc d'Altinozu ont fait savoir que leurs capacités d'accueil étaient presque pleines et qu'un troisième camp de tentes allait être érigé à Boynuyogun. «On ne s'attend pas à ce que cet afflux cesse rapidement. Les informations dont nous disposons laissent entendre qu'il y a encore beaucoup plus de gens qui attendent de franchir à leur tour la frontière», a indiqué à l'Associated Press (AP) Metin Corabatir, porte-parole du HCR. Après avoir accusé le régime syrien de commettre des «atrocités» contre son peuple, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a indiqué vendredi soir sur la chaîne NTV qu'il parlerait avec Assad «de façon très différente» après les législatives turques d'aujourd'hui.Le président syrien aurait, selon les Nations Unies, refusé de prendre au téléphone le secrétaire général de l'ONU. Les occidentaux, notamment les Etats-Unis ont réitéré leur appel à un arrêt immédiat des opérations militaires contre les manifestants. D'après un bilan établi par les organisations de défense des droits de l'Homme, la répression de ce mouvement entamé à la mi-mars a fait plus de 1 300 morts. Si la région de Deraa dans le sud est considérée comme le foyer de l'insurrection en cours, Jisr al-Choughour et la province d'Idleb dans le nord-ouest ont une longue histoire d'hostilité envers Damas. Une révolte de la population dans ce fief des Frères musulmans contre le père de Bachar, Hafez el-Assad, a été matée dans le sang en mars 1980, faisant des dizaines de morts. Plus tard, une révolte à Hama a été était férocement réprimée, faisant entre 10 000 et 25 000 morts, selon les bilans de Amnesty International. G. H. / agences