Visiblement émerveillé par la chaleur de l'accueil des ses hôtes algérois, Alain Juppé a trouvé «une embellie» dans les relations franco-algériennes, même s'il annonce de manière on ne peut plus claire que «la France ne s'inscrit pas dans une démarche de repentance». C'est cet enthousiasme qui a caractérisé l'intervention du ministre français des Affaires étrangères lors d'une conférence de presse animée conjointement, jeudi en matinée, avec son homologue algérien, Mourad Medelci. «M. Raffarin m'a dit que sa mission à Alger était une réussite», a certifié Alain Juppé, qui, une fois n'est pas coutume, trouve des points de convergence presque partout avec l'Algérie. Le chef de la diplomatie française a rarement contredit son homologue algérien, avec qui il avait tenu, mercredi soir, une longue séance de travail conclue par un dîner. Mieux, il ne trouve pas de «sujets qui fâchent». Il n'existe, selon lui, que «des sujets de discussions», même si, de temps en temps, il reconnaît «des divergences» sur certains thèmes. Là aussi, le responsable français choisit une sémantique adéquate. «Nous avons un dialogue continu» sur des questions sensibles, telles que la restitution des archives et la reconnaissance du passé colonial. «Nous voulons regarder vers l'avenir et non ressasser le passé de manière infinie. Le président de la République française a déjà dit que le colonialisme était une erreur. Mais la France ne va pas s'inscrire dans une démarche de repentance», a déclaré le chef de la diplomatie française, visiblement agacé par cette question. Pendant ce temps, le ministre algérien n'a pas répliqué. Il a préféré appuyer son homologue français en affirmant qu'une commission est mise sur pied pour étudier les meilleurs moyens d'appliquer pour les Algériens les compensations financières décidées par Paris au profit des victimes des essais nucléaires dans le Sahara. Mieux, Juppé a révélé qu'une commission pour la décontamination est déjà mise en œuvre à Paris. Pour appuyer l'enthousiasme de son illustre invité, Mourad Medelci a affirmé que tous les accords signés entre les deux pays ces derniers mois sont «en application». Certaines de ces conventions sont même arrivées à échéance. Le ministre français des Affaires étrangères, qui s'est réjoui de rencontrer le Premier ministre qu'il dit connaître depuis longtemps, a tenu un langage conciliant sur la question du Sahara occidental. «La France s'en tient à une résolution de ce conflit dans le cadre des Nations unies», a-t-il affirmé, tout en se félicitant d'entendre que «la question du Sahara n'empoisonne pas les relations entre l'Algérie et le Maroc». Avant de s'envoler pour Oran dans l'après-midi, Alain Juppé a été longuement reçu par le président de la République en fin de matinée. A. B.