Photo : M. Hacène Par A. Lemili Les boxeurs algériens, une fois encore, ont brillé dans une compétition internationale. Ils demeurent, avec les athlètes du handisport, la seule satisfaction nationale dès que celle-ci est appelée à s'exprimer en dehors des frontières. Faut-il se gargariser d'une consécration arrachée plus par la volonté individuelle des pugilistes que par la grâce d'une politique en ce sens, dont serait le maître d'œuvre le secteur ? La boxe, cela coule de source, est l'une des disciplines où l'essentiel de l'investissement est humain, individuel et surtout personnel. Sans avoir à se fourvoyer dans des considérations psychologiques, l'émergence d'un pugiliste est d'abord à mettre sur son compte et celui de son entraîneur, lequel en général détient le même cursus sportif et donc rarement au crédit des institutions sportives nationales. Exception faite de pays comme l'ex-RDA et Cuba qui investissaient très gros, pour des raisons politiques, sur une discipline qui leur permettait au même titre que l'athlétisme de sortir quelque peu de l'isolement. C'est d'ailleurs en calquant ces modèles que les deux disciplines ont plus ou moins brillé en Algérie et ont surtout donné des noms à des boxeurs qui sortaient de l'anonymat. Il est vrai toutefois que dans un pays autre que socialiste ou se proclamant de cette idéologie, l'investissement consenti pour former un boxeur relevait du surréalisme. Sur le plan aussi bien humain, financier que temporel. Aujourd'hui, les jeunes qui ont choisi la boxe comme moyen sportif d'expression viennent reconfirmer leur origine anonyme jusqu'à ce que vienne l'exploit. Tout au long de la saison sportive, si tant est qu'il en existe une, les pugilistes nationaux bénéficient rarement, voire resteront totalement orphelins d'une médiatisation comme celle consacrée au football. Pour les résultats qu'on connaît évidemment. Les performances de la discipline ne sont donc finalement découvertes ou connues qu'à la suite de manifestations continentales comme celle qui a lieu récemment à Yaoundé, et du coup sont ressortis trompettes, tambours, fanions, discours officiels pompeux du premier responsable du secteur, en l'occurrence le ministre, s'il ne délègue pas sa reconnaissance à un directeur central ou au président de la fédération. Les pouvoirs publics diront alors toute leur reconnaissance à ces ambassadeurs épisodiques le temps d'une petite réception, bouclent la boucle et tout le monde repart de nouveau pour une improvisation générale. Ce qui n'est pas le cas forcément pour l'EN de football dont les gratifications des joueurs relèvent de l'indécence. Toujours pour les résultats que nul parmi nos concitoyens n'ignore. Mais au-delà de ces considérations qu'il faudrait situer dans les tractations tout autant habituelles que naturelles d'antichambres des centres de décision, il y a lieu également de se poser des questions sur la réelle valeur de ces boxeurs qui glanent des titres continentaux sans aller, hélas, plus loin. A ce niveau de la compétition, il paraît arbitraire de tenir une quelconque assertion ou d'émettre un jugement de valeur positif à l'endroit des pugilistes qui glanent près d'une dizaine de médailles toutes couleurs confondues. La discipline n'ayant jamais été répertoriée comme l'un des apanages du continent. Un peu comme la natation, d'où les échecs régulièrement consommés des boxeurs algériens une fois qu'ils sont versés dans un autre genre de compétition comme les jeux Olympiques ou le championnat du monde. Le fait n'est pas de diminuer de la valeur des pugilistes algériens, mais plutôt d'éviter pour autant de se gargariser de titres obtenus sur le continent et qui n'ont que la valeur qu'ils méritent, tout en présentant le risque de ne constituer en réalité aucune référence par rapport à une compétition de plus grande envergure. La preuve est donnée par l'absence de logique linéaire de performance dans la discipline, en ce sens que les boxeurs algériens alternent le bon et le moins bon d'une année à l'autre pour la simple raison qu'il n'existe pas de véritable politique de formation en profondeur et surtout de prise en charge sérieuse par les pouvoirs publics. Seul le résultat immédiat prime. Ce qui se passe en football est égal à ce qui se passe en boxe, sauf qu'étant moins populaire et moins spectaculaire, celle-ci passe inaperçue et ne crée finalement pas de remous et encore moins déception et désillusion au sein des masses. Tout cela n'empêche pas toutefois les instances sportives nationales d'être en obligation de prendre en charge sérieusement la discipline, ne serait-ce que pour l'investissement consenti tout au long de l'année et parce que c'est aussi leur devoir.