Il y a toujours un sentiment de fierté à voir l'emblème national hissé lors de compétitions sportives internationales. Ce sentiment est évidemment décuplé dès lors qu'il s'agit d'exploit, modeste serait-il, parce que inscrit à l'échelle régionale, moyen dès qu'il est continental et impressionnant parce que tout bonnement intercontinental et réalisé individuellement par une ou plusieurs femmes. Les dernières satisfactions sont venues en grande partie du judo et, récemment, du volley-ball après que Benida Merah et Hassiba Boulmerka aient marqué de leur sceau l'athlétisme mondial. Mais ces consécrations par intermittence doivent-elles prêter à satisfaction ? Elles sont évidemment tout bénéfice pour la réputation nationale sur le plan sportif mais restent bien loin des attentes de tout un chacun, comparativement aux efforts consacrés par l'Etat sinon le secteur à leur matérialisation, la mobilisation de moyens humains, équipements et investissements financiers. Cela étant, ces sporadiques bonheurs extraterritoriaux interviennent, est-il besoin de le souligner, dans une discipline donnée, exception faite de la boxe et, à un degré moindre, le judo, pour que soient réellement exprimées d'autant réelles satisfactions. Autrement dit, en glanant ou en s'approchant des titres internationaux, mais à chaque fois dans une discipline différente, comme c'est le cas cette fois-ci en volley-ball, il n'y a réellement aucun satisfecit à exprimer. Pis, il faudrait se poser des questions sur l'absence de continuité dans une même discipline en gardant en mémoire qu'obtenir un titre ou une consécration pour s'évaporer ensuite dans la nature est un vrai leurre parce qu'il autorise tout un chacun à se gargariser d'exploit immédiat, mais souvent obtenu sur un concours de circonstances. Nous prenons pour exemple le cas de l'équipe de football des U20 du Ghana, présente régulièrement à tous les championnats du monde depuis près de 16 ans et qui, échec après échec, est toutefois parvenue, grâce à un travail en profondeur réalisé dans la continuité, à décrocher la couronne mondiale. Pour en revenir au sport féminin en Algérie, seul l'athlétisme a permis quelque peu la présence régulière des Algériennes dans la haute compétition. Il s'agit, sans nul doute, d'abord de prédisposition des athlètes concernées et des conditions de préparation exceptionnelles qui ont été mises à leur disposition, aussi bien en Algérie qu'à l'étranger. Par ailleurs, il reste également très peu évident que les sportives, qui sont consacrées à l'échelle internationale dans une discipline donnée, soient l'expression réelle du niveau souhaité par les responsables du secteur. Il est de connaissance nationale que la population féminine est supérieure à celle masculine en Algérie. Il relève presque de l'absurde qu'il ne puisse pas se trouver des sportives à même de briller à l'échelle nationale, toutes disciplines confondues. L'émulation locale étant, à son tour, le meilleur moyen pour chacune des athlètes de se transcender, de parfaire de façon indéterminée ses performances et, ce faisant, se hisser plus haut jusqu'à atteindre les normes internationales ou les dépasser (Benida Merrah et Hassiba Boulmerka).Là encore, il est certainement vrai que des talents dormants, de vraies championnes, végètent à travers le territoire national pour la simple raison qu'elles ne sont pas dénichées par des découvreurs de talents qui se comptent à peine sur les doigts d'une main (et encore une fois le cas de Boulmerka qui passait son temps à courir en traçant les circonvolutions des berges de l'oued Rhumel jusqu'à ce que…) que la prospection n'est pas bien faite ou plus prosaïquement en raison de pesanteurs sociales et d'interdits familiaux. La Fédération algérienne de football a beau se gargariser de l'existence d'une compétition féminine, il faudrait être régulièrement présent sur le terrain pour saisir l'ampleur du gâchis et l'extraordinaire solitude de ces filles qui bravent la colère parentale pour se faire plaisir. En conclusion, sans vouloir réfréner les ardeurs des uns et des autres, le sport féminin en Algérie n'est même pas à la traîne. Il est tout simplement inexistant et toute consécration obtenue une fois tous les dix ans ne serait qu'un formidable attrape-nigaud. A. L.