Les avocats d'Alger vont observer une journée de protestation mercredi prochain. Cette action de contestation sera marquée par des sit-in devant les cours, en plus d'un boycott des prochaines auditions. C'est la décision prise par les avocats à l'issue de l'assemblée générale extraordinaire du barreau d'Alger tenue hier matin dans un amphithéâtre à l'université de Bouzaréah. L'action des avocats pour la journée de mercredi vise à réclamer le retrait du projet de loi sur la profession d'avocat, un projet qui a été soumis par le ministère de la Justice à l'APN. Pour les avocats, le projet de loi, préparé par le département de Belaïz, est liberticide et restrictif. C'est pour cette raison qu'ils demandent «son retrait pur et simple». «On veut priver l'avocat de toute liberté. On veut le transformer en fonctionnaire incapable de défendre le citoyen», note un avocat exerçant dans la capitale. Selon le président du barreau d'Alger, Me Abdelmadjid Sellini, «les décisions prises à l'issue de cette Assemblée générale seront retransmises au président de la République, au Premier ministre et au ministre de la Justice afin de geler le projet de loi». Me. Sellini a annoncé la possibilité d'une action de rue. «S'ils ne nous écoutent pas, nous sortirons dans la rue», dira-t-il. il a soutenu qu'«il est indécent de faire passer un projet d'une telle teneur au moment ou le pays s'engage dans la réforme de la constitution». La journée de protestation sera accompagnée par d'autres actions retenues par les participants à cette assemblée. Parmi les actions proposées : une campagne de sensibilisation auprès de l'opinion publique sur les dangers du projet de loi en question. Mais avant de trancher sur les actions à mener, quelques membres de l'AG ont eu à intervenir avec beaucoup de passion et d'acharnement. Dans l'objectif de recentrer les débats, Me Miloud Brahimi a rappelé l'ordre du jour de cette rencontre. «Il est inutile de parler du passé. Il faut aborder les dangers qui guettent la profession à travers ce projet de loi». Me Brahimi souligne que «l'esprit du projet de loi contrarie les espoirs exprimés par la société». Me Laouar a exprimé, pour sa part, une certaine nostalgie pour l'époque du parti unique. «Au temps du parti-unique, nous avions plus de droits et de libertés dans l'exercice de la profession», fera-t-il savoir sous l'acquiescement de l'assistance. Me Douane Karim s'est indigné par le fait «que le métier d'avocat a fortement reculé au moment où on exprime des intentions de réforme de la constitution». Pour Me Mustapha Bouchachi, le projet de loi sur la profession d'avocat «vise à étouffer les ultimes espaces de l'autonomie et de la liberté». Face aux intentions liberticides du pouvoir, Me Bouchachi invite ses confrères à «la responsabilité morale». Il a exhorté les avocats participants à ne pas se contenter de ne défendre que leurs intérêts moraux et matériels. «Nous avons trahi beaucoup d'Algériens en ne nous exprimant que sur le projet qui nous concerne», soutient le président de la LADDH. Il faut souligner que des avocats ont regretté le fait que l'assemblée d'hier n'ait pas impliqué les avocats des autres wilayas du pays. Sellini a indiqué, à cet effet, qu'il a eu leur adhésion. A. Y.