Experts, urbanistes, architectes et décideurs sont réunis pour deux jours aux 1ères Assises de l'urbanisme. Cette rencontre devrait aboutir sur une nouvelle stratégie de la production du mobilier urbain, le cadre de vie des citoyens et la place qui lui sied, tout un programme, ou plutôt une politique. Car, à voir la situation de nos villes et la manière dont elles ont mené leurs extensions, on ne peut que douter de l'existence d'une vision urbanistique ou d'une quelconque autorité en la matière. Des cités et des lotissements ont jaillis aux alentours des métropoles algériennes et se sont greffés sur leurs tissus urbains sans s'y intégrer architecturalement, constituant ainsi des avatars de villes en désharmonie totale avec le noyau originel. Et ce n'est qu'une fois «fonctionnelles» qu'on se rend compte que ces extensions sont dépourvues de tout et qu'elles sont entièrement dépendantes de la ville-mère. La pression démographique a, certes, accéléré le développement des villes algériennes, mais cela ne justifie pas pour autant l'absence de gestion des espaces. Comment peut-on permettre à un promoteur d'ériger une cité ou un lotissement où il n'y a pas le moindre espace vert ? Comment peut-on penser soulager la pression sur une ville en faisant des extensions où il n'y a pas d'infrastructures éducatives, sanitaires, culturelles et des opportunités d'emploi ? Des schémas de développement des villes existent pourtant et proposent, au lieu d'extensions qui transformeront la ville en mégalopole ingérable, la construction autour de la ville-mère de petites villes satellitaires ayant avec elle des activités complémentaires, mais cependant autonomes. Il y a bien une loi sur l'aménagement et l'urbanisme, en vigueur depuis vingt ans, mais architectes et urbanistes sont nombreux à dire qu'elle a plus freiné la mise en œuvre d'un urbanisme novateur qu'elle n'a contribué à améliorer la gestion des villes. D'autres soutiendront le contraire. Qui a raison, qui a tort ? Les plus perspicaces répondront qu'une loi, qu'elle soit bonne ou mauvaise, importe peu, si, au final, elle n'est pas appliquée. Ça ne sert à rien de discuter et de promulguer des textes que personne n'applique de toute façon et qu'aucun responsable n'essaye de faire respecter. Preuve en est, les crimes urbanistiques qui ont été commis et qui le sont encore, malgré l'existence de cette fameuse loi de l'urbanisme. Sans vouloir préjuger de l'impact réel des premières Assises de l'urbanisme ni de la bonne volonté de tous ceux qui y participent, on ne peut miser sur des projections, aussi prometteuses soient-elles, alors que là, à nos pieds, devant nos yeux, nous voyons l'anarchie urbanistique gagner chaque jour un peu plus de terrain, sans qu'aucune autorité ne vienne y mettre un terme. On en arrive même à se demander si tous ceux qui sont à ces postes de responsabilités ont des compétences dans le domaine de la gestion des villes et de l'urbanisme. Et c'est là le drame. Car, avant de tirer des plans sur la ville, il faut d'abord corriger certaines énormités déjà érigées, et là il en faut de la volonté et du courage politique… H. G.