Photo : La Tribune Par Hassan Gherab Bonne nouvelle. Riadh El Feth pourra redevenir le centre des arts et de la culture qu'il fut à l'origine avant d'être détourné au bénéfice du commerce dans son sens le plus mercantile, voire vénal. Cette bonne nouvelle est venue dans les déclarations de la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, lors d'une session de l'Assemblée populaire nationale (APN), jeudi dernier, consacrée aux questions orales. La ministre a affirmé que son département se prépare à récupérer Riadh El Feth, en coordination avec le ministère de l'Intérieur, en vue de sa réhabilitation. Cette opération s'amorcera par la fermeture des boîtes de nuit et cabarets qui ont défiguré Riadh El Feth jusqu'à le transformer, à partir de minuit, en véritable coupe-gorge où prostitution et alcool font bon ménage. La ministre, répondant à une question sur la transformation de Riadh El Feth en «lieu de dépravation à cause des restaurants qui se sont transformés en boîtes de nuit», a souligné que son département a décidé de mettre fin à cette situation. Mme Toumi précisera que l'action du ministère sera menée envers et contre tous, particulièrement les gestionnaires de ces lieux qui, bénéficiant d'appuis et/ou de complicité au sein même de l'administration, ont pu convertir des restaurants en boîtes de nuit grâce à «l'autorisation dite “Numéro 4”». Ces appuis et complicités ont fait des ravages dans ces lieux. C'est ainsi que l'on assistera à un véritable crime avec la transformation du petit théâtre pour enfants en cabaret. On essayera d'en faire autant avec le théâtre en plein air et tous les espaces susceptibles d'être exploités comme lieux de débauche, car c'est bien ce que sont devenus les cabarets en Algérie. Il suffirait d'un peu de place pour installer un bar, quelques tables, une piste de danse et des filles de joie pour attirer les consommateurs, et le tour est joué. Précisant que le début de ce «dérapage remonte à 1997», Mme Toumi rappellera que le ministère avait engagé une procédure pour la fermeture de ces cabarets par arrêté ministériel mais ce dernier, a-t-elle ajouté, a été abrogé par référé, car les gestionnaires de ces boîtes «disposaient d'actes et d'autorisations». La ministre ajoutera que ce premier échec n'a pas entamé la volonté du ministère qui a promulgué en juillet 2005, en coordination avec le ministère de l'Intérieur, un décret exécutif définissant les conditions d'ouverture et d'exploitation des établissements de loisirs, y compris les boîtes de nuit, notamment l'article 26 qui exige le dépôt régulier d'une nouvelle demande auprès des services concernés avec l'aval du ministère de la Culture. Indéniablement, l'action coordonnée des ministères de la Culture et de l'Intérieur, l'application du décret et le coup de balai qui en résulterait ne peuvent que redonner à Riadh El Feth un peu de son lustre. Car il faut bien plus pour que Riadh El Feth redevienne le centre des arts et de la culture rayonnant qu'on a voulu lors de son inauguration il y a près de vingt ans. Un petit tour, un simple regard montrera la ruine qu'est devenu le centre : les visiteurs venant du parking souterrain y accèdent toujours par l'étroit escalier de secours parce que les ascenseurs sont à l'arrêt depuis…, des lampes grillées depuis…, des carreaux de marbre fêlés, les fontaines cassées, les jets d'eau à l'arrêt, les jardins à l'abandon, les baies vitrées sales et, pour couronner le tout, aucun magasin ni café ou fast-food ne respecte le minimum de bonne présentation et de prestation. Les cahiers des charges sont lettre morte à Riadh El Feth… et il n'y a pas qu'eux.