La situation n'évolue pas en Libye : l'Est est sous l'emprise de la rébellion qui a établi à Benghazi sa «capitale», tandis que la majeure partie de l'ouest, où est située la capitale Tripoli, reste entre les mains de Mouammar Kadhafi. L'OTAN maintient ses bombardements alors que les Etats membres de l'Alliance commencent à ressentir le poids financier de cette guerre et cherchent désespérément une porte de sortie diplomatique à la crise. D'ailleurs, le ministre italien de la Défense a indiqué vouloir commencer «à réfléchir à une date» pour mettre fin à la partie active de sa mission en Libye, au-delà des trois mois pour lesquels l'OTAN vient de s'engager. Une telle attitude pourrait «inciter nos alliés britanniques, français et américains» a-t-il dit. Aux Etats-Unis, la controverse sur la question des opérations militaires en Libye décidées sans l'approbation du Congrès a connu un nouveau rebondissement: le «New York Times» a révélé que le président Barack Obama avait ignoré, en prenant cette décision, l'avis de deux avocats de son administration, dont celui du principal avocat du Pentagone. Alors que sur le terrain aucune évolution n'est enregistrée, sur le plan diplomatique, il semblerait que les prémices d'un processus de négociation sont actuellement en cours pour mettre fin au conflit libyen. Le porte-parole de l'ONU, Martin Nesirky,a déclaré que «le secrétaire général a indiqué que les prémices d'un processus de négociations étaient actuellement en cours sous les auspices de son envoyé spécial en Libye» précisant qu'un accord est encore loin d'être conclu. Cette déclaration a été faite après la réunion, tenue au Caire, de hauts responsables de l'ONU, de l'Union européenne, de la Ligue arabe, de l'Organisation de la conférence islamique et de l'Union africaine. M. Ban ki-moon a souligné la nécessité pour la communauté internationale d'adresser un «message cohérent» sur une solution politique avec le dirigeant libyen Mouammar Khadafi, tout en relevant «des signes de progrès». M. Ban ki-moon s'est entretenu par téléphone vendredi dernier avec le Premier ministre libyen, Baghdadi al-Mahmoudi, qui a affirmé que des contacts avec les rebelles de l'opposition avaient démarrés. Le CNT a démenti toute prise de contacts avec le régime.Ce qui confirme que la sortie de crise est loin de voir le jour. D'ailleurs la réunion du Caire n'a concrètement rien apporté de nouveau et dans l'attente de la mise en œuvre d'une feuille de route claire, le peuple libyen continue de périr. Hier, neuf personnes, dont cinq d'une même famille, ont été tuées et dix-huit autres blessées dans un raid de l'OTAN effectué dans la nuit contre un immeuble sis à l'est de Tripoli. Par la voix de son porte-parole, Moussa Ibrahim, le gouvernement libyen a accusé l'Alliance atlantique de commettre des «barbaries», en visant «délibérément des civils». La veille, le ministère libyen des Affaires étrangères a estimé que les bombardements menés par l'OTAN sur le sol libyen constituaient «des crimes contre l'humanité», soulignant la nécessité de «traduire en justice les responsables de ces crimes». L'OTAN a jugé ces déclarations «scandaleuses» affirmant que «c'est Kadhafi et son régime qui ont systématiquement et brutalement attaqué le peuple libyen». L'OTAN a tout de même ouvert une enquête hier alors que la veille, elle avait dû reconnaître avoir accidentellement frappé une colonne de véhicules des forces rebelles dans la région de Brega (est) le 16 juin. A préciser enfin que depuis mi-février, le conflit en Libye a fait entre 10 000 et 15 000 morts et obligé près de 952000 personnes à prendre la fuite, selon des organisations internationales. H.Y/ agences