Les patients et les associations de malades s'alarment. En plus du manque de près de 200 médicaments vitaux, la pénurie d'insuline est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Cette pénurie constatée au niveau national, dans les officines et les agences ENDIMED perdure depuis plusieurs semaines déjà, sans que cela ne fasse réagir les pouvoirs publics. La fédération algérienne des associations de diabétiques et l'association de diabétiques d'Alger dénoncent cette situation qui met en péril la vie des malades et les expose aux complications de cette maladie redoutable. Contacté hier, M. Noureddine Boucetta, président de la fédération algérienne des associations de diabétiques tire la sonnette d'alarme sur le «manque terrible d'insuline, toutes marques confondues, à l'échelle nationale», dit-il. «Intrigante», c'est le moins que l'on puisse dire de cette pénurie qui dure depuis plus de trois mois et qui touche aussi bien l'insuline importée que celle fabriquée localement par SAIDAL, selon M. Noureddine Boucetta, président de la fédération algérienne des associations de diabétiques. Il appelle les pouvoirs publics à intervenir en urgence car il y va de la vie de centaines de malades sur l'ensemble des wilayas du pays. Il décrit une situation des plus angoissantes qui se complique de jour en jour estimant que les diabétiques insulinodépendants privés de traitement, risquent leur vie et sont en proie aux conséquences dramatiques, voire fatales de cette maladie chronique telle que l'amputation et la cécité. «Pis encore. Face à l'absence de traitement, beaucoup de diabétiques recourent à la médecine traditionnelle et aux produits suspects proposés par les charlatans», déplore-t-il. «La situation est d'autant plus scandaleuse, précise-t-il, car des particuliers, notamment des trabendistes et certains immigrés profitent de la situation en ramenant dans leurs bagages de l'insuline non contrôlée et sans respect de la chaîne de froid pour l'écouler sur le marché algérien». Ainsi, dit-il, «cette insuline inconsommable perd non seulement son efficacité mais devient dangereuse pour le malade». La fédération algérienne des associations de diabétiques affirme avoir interpellé les autorités et les laboratoires concernés sur cette pénurie «inexpliquée» d'insuline. «C'est d'autant plus étrange que même l'insuline en flacon fabriquée par SAIDAL est indisponible dans les officines et au niveau des agences ENDIMED», s'étonne notre interlocuteur, rappelant que le groupe pharmaceutique algérien, leader de la production nationale de médicaments, fabrique quelques 4 millions de flacons d'insuline par an. Pour sa part, M.Fayçal Ouhada, président de l'association de diabétiques de la wilaya d'Alger, parle de pénurie d'insuline en flacon fabriquée par SAIDAL et l'impute à un problème de mauvaise distribution. Mais M. Boucetta est loin de partager cet avis, ne s'expliquant pas ces intrigantes pénuries qui prennent à chaque fois le malade en otage. Il estime qu'il est temps que l'Etat prenne les mesures qui s'imposent afin d'assurer une meilleure disponibilité du médicament et mettre fin aux pénuries répétées. Des questions restent cependant en suspens. Y aurait-il des milieux occultes qui voudraient casser la production nationale? L'on se demande aussi où en est la fameuse régulation du marché du médicament ressassée «ad nauseam» ? Pour rappel, le diabète touche 10% de la population algérienne, soit environ trois millions de personnes dont 25% sous insuline. Selon M.Boucetta, 20 à 30% des personnes atteintes de diabète en Algérie ne sont pas couvertes par la sécurité sociale. A. B.