Photo : Archives De notre correspondant à Tizi-Ouzou Lakhdar Siad Le commerce informel et l'absence de marchés réguliers de gros et de détail de fruits et légumes en plus de la faiblesse des effectifs de contrôle des pratiques commerciales et des moyens matériels dans la région de Kabylie font que la situation sur ce plan est plus qu'inquiétante, d'autant qu'il s'agit d'un domaine lié directement à la santé de la population. La légalité peine à se faire respecter dans ce climat d'anarchie et de désorganisation et les conséquences se font ressentir au niveau de l'écrasante majorité des espaces dédiés au commerce et aux échanges des intervenants. S'approvisionner en denrées alimentaires à Tizi-Ouzou est problématique tant les conditions de concurrence des prix et d'hygiène (les échanges sont pour la plupart clandestins) que le consommateur doit demander sinon exiger de son commerçant étant dans son droit ne courent pas les rues. L'origine des produits et articles commercialisés et la logique des prix demeurent des énigmes pour le commun des consommateurs qui n'ont pas toujours le choix de faire leurs emplettes à leur goût. Les solutions existent, manquent la volonté et les moyens Cependant, il est utile de souligner que lorsque les autorités font montre d'un peu de volonté, les choses se passent plus normalement, comme l'a démontré la dernière opération contre les baraques de l'informel et les vendeurs à la sauvette au niveau des trottoirs et chaussées du chef-lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou et les espaces improvisés squattés par une espèce de commerçants qui ne se soucient pas des conséquences de leurs méfaits sur la population et l'économie nationale. Cette opération, accueillie favorablement par les habitants de la région, s'est malheureusement limitée au volet sécuritaire et a manqué d'un travail de coordination entre plusieurs directions de wilaya, notamment celle du commerce. La wilaya de Tizi-Ouzou, qui ne dispose que d'un marché de gros sans normes techniques et d'hygiène et de sécurité au village de Thala Athmane, à une dizaine de kilomètres à l'est de Tizi-Ouzou, vit des problèmes immenses de commerce. Le transfert récent du marché vers une impasse désaffectée, à la sortie ouest du chef-lieu de la commune de Tadmaït où est prévu le futur marché de gros de la wilaya de Tizi-Ouzou, n'a pas répondu aux attentes des marchands de gros et du reste des intervenants qui voient les promesses des autorité s'étaler infiniment dans le temps. Les consommateurs de la wilaya de Tizi-Ouzou, qui attendent toujours la réhabilitation de quatorze marchés de fruits et légumes «dans le cadre d'un programme national», selon la Direction du commerce et de la concurrence des prix (DCP) de la wilaya de Tizi-Ouzou, doivent eux aussi patienter. Quand l'informel est encouragé par la passivité des autorités A ce sujet, beaucoup de commerçants n'ont cessé de rappeler aux responsables locaux que le nombre de marchés réguliers (entre marchés couverts et marchés de proximité) dans la wilaya de Tizi-Ouzou ne répond pas à la demande qui a explosé durant cette dernière décennie alors que les infrastructures sont restées au point zéro et se sont dégradées avec le temps pour la majorité d'entre elles. Cette situation est source de déviations et de violations par des pratiques informelles de l'activité commerciale au détriment des intérêts des consommateurs et de l'économie. La réalisation d'un marché de gros de fruits et légumes par un investisseur privé (frères Chabane) à proximité de la rocade sud pour contenir toute l'activité de commercialisation de gros de fruits et légumes de la wilaya, selon la DCP, ne s'est pas encore concrétisée. En attendant, l'informel continue de faire des siennes. «Il est impossible de rattraper le retard accumulé dans ce domaine d'ici cinq années. Nous avons oublié la dernière fois que l'Etat s'est manifesté dans notre wilaya pour prendre en charge les doléances des commerçants et des agriculteurs. La situation est grave. La poignée de commerçants déclarés qui occupent les étroits espaces des marchés existants et encore salubres sont harcelés et dépassés par les ruses et les pratiques contraires à l'exercice des activités commerciales par une kyrielle de trabendistes», nous affirmait un vieux bénéficiaire d'un stand dans un marché couvert de la wilaya. Les mesures répressives incapables de circonscrire les infractions Dans ce contexte, le nombre d'arrêtés de fermeture, les avertissements, les mises en demeure et autres mesures répressives à l'encontre des contrevenants dressés par les services de la DCP de la wilaya de Tizi-Ouzou est inquiétant. Les cas d'intoxications alimentaires en masse survenues à la cité universitaire de jeunes filles de M'douha il y a moins d'un mois sont là pour rappeler que le manque d'hygiène et le non-respect des normes de conservation des produits alimentaires sont toujours de mise. En plus du manque d'effectifs au niveau de la DCP de Tizi-Ouzou pour faire face aux agressions de l'informel et aux violations des règles de commercialisation de produits alimentaires (défaut d'affichage des prix, constitution de stocks de produits alimentaires à risque pour des objectifs de spéculation et de surenchère sur l'offre et la demande, établissements qui ne sont pas connectés à un réseau d'assainissement, non-délivrance de certificat de conformité, etc.), des associations de commerçants ont émis le vœu de voir les responsables locaux installer une police d'hygiène. Est-ce suffisant ? Pas si sûr !