De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad La quantité et la qualité des marchés réguliers, marchés hebdomadaires, marchés couverts et marchés de proximité, gérés ou cogérés par les collectivités locales dans la wilaya de Tizi Ouzou laissent à désirer. L'absence d'un marché de gros digne de ce nom pèse lourdement et négativement sur la valeur des échanges et transactions commerciales qui s'effectuent le plus souvent, si ce n'est toujours, dans les circuits informels du commerce. Ces défaillances et la très mauvaise gestion des rares espaces commerciaux qui respectent les normes en vigueur sont de ce fait source de déviations systématiques et chroniques des pratiques et activités commerciales régulières. Autre caractéristique du secteur informel qui renseigne sur la gravité des conséquences de l'absence de marchés réguliers dans la région de Kabylie : des dizaines de commerçants informels et ambulants (qui deviennent fixes à force de squatter pendant des années les mêmes places) proposent dans un décor anarchique indescriptible et insalubre leurs marchandises sur les étroites chaussées à plusieurs endroits de la très prisée RN 12 et d'autres axes routiers de la wilaya de Tizi Ouzou. Les dangers guettant les piétons qui traversent la chaussée dans les deux sens et les désagréments causés aux riverains et aux automobilistes sont devenus le lot des usagers de cette unique voie de communication terrestre entre plusieurs régions de Kabylie et des wilayas de l'Est de l'Algérie. Les automobilistes subissent des embouteillages sur plusieurs kilomètres surtout que l'installation depuis quelques années d'un nombre impressionnant de barrages (au moins sept sur 37 kilomètres) des services de sécurité empêche la fluidité de la circulation automobile. Et les riverains subissent, jour et nuit sans recours efficient jusque-là ni auprès des autorités de wilaya ni via l'exécutif communal, aux pollutions sonores. C'est tout un système de créneaux de commercialisation des marchandises qui a échoué avec notamment la libéralisation sauvage du marché, la multiplication des appétits et les convoitises des uns et des autres. Si, dans un passé récent, les marchés hebdomadaires jouaient un rôle positif dans l'acheminement des marchandises vers la clientèle de la classe moyenne et plus ou moins des nécessiteux aux quatre coins de la région de Kabylie, l'explosion du marché informel et la diversification des articles proposés à la vente ont relégué au second plan ces lieux qui n'ont plus actuellement le monopole des échanges. Ainsi, les rares marchés réguliers, construits d'ailleurs sur les restes d'habitations répertoriées vieux bâti par les services techniques des APC, font l'objet d'occupation de fait par des marchands sans scrupules, aux pratiques douteuses pour la plupart d'entre eux, au détriment de la minorité des commerçants honnêtes qui subissent quotidiennement la mainmise de ces fraudeurs en tous genres et la pression des agents de la Direction du commerce et des prix (DCP). «Il est impossible de rattraper le retard accumulé dans ce domaine d'ici cinq années. Nous avons oublié la dernière fois que l'Etat s'est manifesté dans notre wilaya pour prendre en charge les doléances des commerçants et des agriculteurs. La situation est grave. La poignée de commerçants déclarés qui occupent les étroits espaces des marchés existants et encore salubres sont harcelés et dépassés par les ruses et les pratiques contraires à l'exercice des activités commerciales par une kyrielle de trabendistes dont beaucoup sont couverts par des lobbies de l'informel», nous affirmait récemment un bénéficiaire d'un stand dans un marché couvert de la wilaya, se définissant lui-même comme «un rescapé de la vague ambiante des tricheurs et des fraudeurs en vogue de la région de Kabylie».La construction de marchés communaux et de proximité dans les localités est souhaitée par les intervenants qui veulent rompre avec cette anarchie qui crève les yeux. Aussi, la réalisation d'un marché de gros de fruits et légumes par un investisseur privé (frères Chabane) à proximité de la mini-rocade sud de Tizi Ouzou est vivement attendue par les commerçants, qui pataugent dans la boue en hiver et étouffent sous la poussière en été des quelques marchés existant dans la wilaya de Tizi Ouzou.