De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Impossible de ne pas y voir le rapport entre le niveau de développement de la région de Kabylie, l'un des plus faibles du pays, et la multiplication des déviations diverses dans tous les secteurs économiques et l'administration locale. Le laisser-aller pourrait être comptabilisé comme la seule politique économique et sociale de développement menée dans les wilayas de la région depuis des années mais surtout depuis le début des années 2000 ayant vu la démission de l'Etat s'installer peu à peu avant d'être une caractéristique dominante du paysage qui s'est traduite par la prolifération de maux très graves très peu répandus auparavant ou bien sans prolongements dans la société.Les marchés informels sont tout ce qu'il y a de légitime quand on sait le taux de chômage dangereux qui prévaut en Kabylie dans la plupart des localités ; il atteindrait peut-être les 70% ou plus alors, que pour la création d'emplois, les autorités locales ne font rien qui puisse diminuer ce fléau qui ravage des milliers de jeunes sans qualification professionnelle de niveau et d'autres milliers de jeunes diplômés qui ne pensent qu'à décrocher l'enviable visa d'études pour la France. Sans omettre de signaler que les marchés informels, nids de fléaux sociaux, en plus de donner l'image des plus sales des espaces publics urbains et ruraux de la Kabylie, sont plus que tolérés parce qu'ils renforcent la situation d'anarchie et d'insalubrité que les auteurs de ce plan maléfique voudraient coller durablement à la région. Le chef-lieu communal de Draa Ben Khedda, à une dizaine de kilomètres seulement du cœur de la wilaya de Tizi Ouzou, pourrait être cité comme le topo dominant du maintien de cette anarchie dans un secteur des plus sensibles touchant à l'hygiène et à la santé publiques. En effet, pendant plus d'une décennie, des dizaines de marchands de fruits et légumes -quelques-uns activant dans le créneau des articles ménagers (en 2008, il y avait 430 intervenants informels, toutes activités confondues, selon un décompte des services de la wilaya)- ont érigé des baraques, certaines construites avec des matériaux de récupération sur les rails du train Tizi Ouzou-Alger sous le regard irresponsable des responsables de l'administration dont les bâtiments n'étaient pas loin. Il a fallu l'intervention répétée sur plusieurs jours des forces antiémeute de la police pour pouvoir déloger seulement une partie de ces revendeurs bien installés, à l'aise sur leur «territoire». Des exigences de recasement dans de nouveaux sites appropriés ont été posées par ces jeunes qui avaient exprimé des craintes justifiées quant à la non-tenue des promesses formulées par les pouvoirs publics dans ce genre de situation. Ainsi, il a été prévu la construction d'un marché couvert de 56 stands, la réalisation d'un marché de proximité, l'extension du centre commercial Benani d'une capacité de 87 stands, la rénovation du centre commercial de 64 stands, la réalisation d'un marché de proximité sur l'ancien siège de l'entreprise Bastos (ex-Erca) d'une capacité de 218 stands par l'agence foncière. Mais, concrètement, très peu d'avancées ont été constatées sur le terrain où l'informel demeure le maître des lieux. Cela dit, la seule solution préconisée par les autorités locales est la construction de marchés publics de proximité. 14 souks au stade de l'étude (pour combien d'années encore ?) sont au programme. La réalisation d'un marché de gros à Tadmaït tarde à se concrétiser et celui prévu par un promoteur privé à proximité de la mini-rocade n'avance pas au rythme annoncé. Aussi, la réalisation de marchés communaux et de proximité dans les localités est demandée par les intervenants qui veulent en finir avec cette anarchie qui grandit à vue d'œil. Le plan de réhabilitation de 14 marchés de fruits et légumes «dans le cadre d'un programme national», selon la Direction du commerce (DCP) de la wilaya de Tizi Ouzou, n'a pas eu d'effets palpables sur l'informel dans la région de Kabylie.