Le land art ou earth art est une tendance de l'art contemporain, utilisant pour support les espaces extérieurs et pour matériaux, les richesses de la nature (bois, terre, pierres, sable, rocher, etc.). Les œuvres étant réalisées et exposées à l'extérieur, sont livrées aux éléments de cette même nature dont elles tirent leur composant, et soumises à l'érosion naturelle. Ainsi, de nombreuses œuvres finissent par disparaître pour ne laisser comme témoins de leur existence éphémère que les photographies et les vidéos que les artistes avaient prises, en prévision justement de cette disparition. Cette existence éphémère de ces œuvres avait d'ailleurs relancé le vieux débat sur la mort de l'art, les puristes et académiciens soutenant que l'œuvre est finalement remplacée par une inflation de documentation, qui n'est pas l'œuvre. Mais les partisans du land art leur opposeront que l'œuvre qui est soumise aux règles commerciales du marché perd aussi son essence, ce qui n'est pas le cas d'une œuvre libre de toute attache. Car, si les artistes du land art ont choisi de travailler avec et dans la nature, c'est bien pour exprimer leur volonté de quitter musées et galeries avec leurs accès payant et réglementés. Cette démarche vise la libération de l'œuvre de ce cadre pour qu'elle ne soit plus un produit à valeur marchande destiné à une élite mais une véritable création ouverte au monde réel. Pour créer, les artistes utilisent tous les matériaux que la nature met à leur disposition. Ils taillent, creusent, déplacent, entassent et griffonnent. Il leur arrive d'intégrer dans leurs créations des produits manufacturés. Les premières œuvres de land art ont été réalisées dans les paysages désertiques de l'Ouest américain à la fin des années 1960. Les œuvres les plus imposantes, réalisées avec des équipements de construction, sont dénommées erthworks (littéralement terrassements). Mais si les earthworks sont des réalisations durables, la plupart des œuvres du land art, sont, elles, éphémères. De plus, les artistes qui ont besoin de grands espaces, travaillent souvent en dehors des agglomérations. Aussi, la photo et la vidéo deviennent-elles nécessaires pour montrer, témoigner et financer ces projets, et d'autres, quand l'œuvre artistique est reconnue comme telle et qu'elle trouve des «acheteurs». Dès lors une question s'impose : où est donc la liberté de l'art et de l'artiste ? Car, si l'œuvre peut être admirée de tous, elle ne peut cependant être achetée que par ceux-là même qui font tourner le marché de l'art. N'est-ce pas l'image du chien qui se mord la queue ? R. C.