A partir d'un rien, des mains d'or et des esprits imaginatifs peuvent faire des merveilles. C'est comme une femme qui n'a pratiquement rien dans son frigo et qui sert un plat aussi succulent qu'inventif. A M'sila dans le Sud-Est, des plasticiens génèrent des œuvres à partir d'un élément tout à fait naturel, le sable. Ils œuvrent dans plusieurs localités de la ville ainsi que dans d'autres villes, notamment à Ouled Sidi Brahim et Boussaâda. Le sable n'est pas manié avec de l'eau plate, mais plutôt marié à de la colle. Une technique assez jeune, puisque datant de seulement dix années, mais qui gagne de plus en plus de terrain dans ces villes des Hauts-Plateaux. L'œuvre qui doit être nécessairement colorée, n'est pas trop chargée. Les couleurs de prédilection de ces artistes sont deux ou au maximum trois sortes, celle du sable étant prédominante. Véritable caverne d'Ali Baba, l'atelier du plasticien est encombré de palettes et de tubes de peinture, de tas de sable, de carton, de la colle et des morceaux de bois ou alors de tas de contre-plaqué, servant de support à l'œuvre. L'artiste commence par tracer la silhouette de son dessin, posant ensuite la colle et versant enfin le sable, avant d'effectuer le débardage à l'aide d'un couteau ou d'une règle, pour obtenir l'aspect définitif d'un dessin en bas-relief. Les plus adroits arrivent à fondre le sable coloré dans la colle, d'autres préfèrent colorier le sable une fois amalgamé sur la feuille et d'autres, enfin, gardent, jalousement, leurs procédés et se distinguent chacun par son propre tour de main. Il s'agit d'un travail délicat et précis, car si la pierre et le bois posent des problèmes spécifiques aux sculpteurs, le sable n'est pas non plus un matériau facile, sa maîtrise exige un savoir-faire certain. Les premiers créateurs, qui ont utilisé le sable comme matériau principal, utilisaient le plâtre et l'enduit pour s'assurer de la robustesse du tableau qui ne doit pas, à la longue, se défaire ni s'effriter. Mais il s'est avéré que le plâtre est un matériau lourd et par voie de comparaison, le sable présente de nombreux avantages, en particulier sa robustesse et sa résistance à l'humidité. Le thème qui domine tout ces travaux ne sont ni de l'abstrait, ni du semi-abstrait, mais plutôt des scènes ou alors des paysages locaux, à l'image de la faune et de la flore qui peuplent l'environnement immédiat de l'artiste. C'est ainsi que ce dernier s'en inspire, et l'on retrouve une reproduction réelle, d'un tas de chameaux, ou alors d'un tas de palmiers, ou encore des signes d'un portrait d'un visage local. Le marché et la demande conditionnent, désormais, cet art centré sur le thème du Sahara, de par la nature du matériau et aussi des sujets habituellement traités, indiquent les professionnels. Les mêmes artistes soulignent que depuis trois années, la peinture sur sable est de plus en plus recherchée et a gagné un public de connaisseurs et d'amateurs, ajoutant également que cet art est susceptible, à l'avenir, de bénéficier de davantage de reconnaissance. La peinture sur sable offre le privilège de ne pas être coûteuse en dépenses pour l'acquisition des matériaux, elle ne compte en définitif que sur la créativité et le talent de l'artiste. Les créateurs souhaitent que les responsables de la culture reconnaissent cette spécialité confinée dans une certaine marginalité, alors qu'elle peut faire l'objet de rencontres, expositions, concours, prix et autres manifestations stimulantes et compétitives. D'autres créateurs remarquent, par ailleurs, que la peinture sur sable peut faire l'objet d'investissements sous forme de micro-crédits pour la création d'ateliers. A rappeler que la peinture sur sable est apparue pour la première fois dans la wilaya de M'sila, à partir de la région de Ouled Sidi Brahim, et du travail de certains créateurs dont le travail “ a fait boule... de sable ” en stimulant beaucoup d'autres artistes. Cet univers plastique, qui prend de plus en plus en volume, s'imposera certainement, un jour, de lui même.