De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Le premier responsable du syndicat officiel en visite à Tizi Ouzou le 13 septembre dernier a emboîté le pas au vote par les députés de la loi de finances 2009 en assurant les travailleurs des trois entreprises publiques phares de la région, l'Eniem (Oued Aïssi, Tizi Ouzou)), l'Enel (Azazga) et Leader Meubles Taboukert (Tizi Rached), toutes les trois souffrant de problèmes de financement, du soutien de l'Etat à travers un plan de redressement qui touchera 222 entreprises nationales. Il avait parlé notamment de volonté politique de redorer le blason du secteur public et de lui redonner la place qui devait être la sienne après la désagrégation de presque la totalité du tissu industriel algérien. «Sauver le secteur public est une chose non seulement possible, mais surtout nécessaire pour la sauvegarde des emplois et aussi parce que ce secteur constitue le maillon fort de la croissance économique et le garant de la souveraineté», avait déclaré Abdelmadjid Sidi Saïd, chef de l'UGTA à l'adresse des travailleurs et de leurs représentants visiblement satisfaits de l'annonce de ces mesures. Le numéro un du syndicat venu «rassurer» les travailleurs et annoncer les dernières décisions du gouvernement contenues dans la loi votée par le Parlement et qui concernent le secteur public économique. l'Eniem, l'Enel et Leader Meubles Taboukert sont en effet, sur la liste des 222 entreprises nationales déstructurées qui bénéficieront d'un plan d'assainissement, selon les déclarations du syndicat. Le gouvernement, par le biais du Trésor public, cédera une «autorisation permanente» qui profitera à ces entreprises afin qu'elles relèvent la tête et qu'elles ne connaissent le même sort que les centaines d'autres sacrifiées sur l'autel de la «mode» de privatisation mettant en chômage des milliers de travailleurs. En effet, l'article 59 de ce projet de texte stipule que «le Trésor public est autorisé à procéder à l'assainissement financier des entreprises et établissements publics déstructurés. Le financement de cette opération est assuré sur des ressources budgétaires ou d'emprunt, ainsi que par le traitement des créances du Trésor sur ces entreprises», alors que les subventions d'exploitation des entreprises et établissements publics sont à la charge de l'Etat avec le recours aux crédits budgétaires annuels. Les syndicalistes d'entreprises locales, toutes en difficulté financière, ont favorablement accueilli ces décisions qui, selon leurs déclarations, devaient être prises dès le début de la crise. «Quoique ces mesures soient toujours les bienvenues pour les travailleurs, il aurait fallu penser bien avant à les prendre, surtout que le diagnostic était déjà prêt depuis longtemps et les problèmes identifiés», affirme M. Ahmed Aguini, président du comité de participation (CP) de l'Entreprise nationale des industries de l'électroménager (Eniem), à Oued Aïssi. Une entreprise considérée comme un fleuron de l'économie mais qui n'arrive pas à décoller en raison de sa lourde dette qui s'élève 13 milliards de dinars, due à l'endettement en devises contracté par les entreprises publiques nationales durant les années 1980 en raison de «l'absence de ressources externes». La dévaluation et la perte de change ayant caractérisé cette période avaient plongé l'Eniem dans l'abîme de l'endettement endémique. L'entreprise paie environ un milliard de dinars de frais financiers par an, selon le syndicat d'entreprise, ce qui représente environ l'équivalent de 14 mois de salaire de l'ensemble des 2 700 travailleurs de l'Eniem. Surtout que, pendant les années 1993/94/95, elle payait à découvert avec un taux d'intérêt de 22%. «Sans cette dette, l'ENIEM se porterait beaucoup mieux», nous déclarait l'an dernier M. Yadaden, P-DG de l'Eniem. Cela dit, les travailleurs sont surtout préoccupés par le traitement qui sera réservé à leur requête d'assainissement de la dette et attendent la concrétisation de ces décisions pour juger. «L'Eniem est capable de se relever, d'aller de l'avant, nous avons la ferme volonté de réaliser plus de gains, de sauvegarder l'usine, ses emplois, d'en créer d'autres à condition que les pouvoirs publics tiennent leur engagement d'effacer la dette qui n'est pas due à la gestion de l'entreprise», ajoute M. Ahmed Aguini. Pour rappel, l'Eniem est mise sous la houlette du groupe industriel Indelec et fait partie des treize entreprises nationales que le consortium et banque d'affaires espagnol Santander a soumis à la privatisation. M. Agred, président du syndicat Eniem estimait récemment que la privatisation «n'est plus un mot tabou au sein de l'entreprise». C'est aux pouvoirs publics d'honorer leur engagement d'assainir les entreprises performantes et «seuls les employés ont leurs exigences s'agissant des futurs repreneurs». L'eniem dégage depuis quelques années 4 à 5 milliards de dinars de bénéfices annuellement. L. S. Historique de l'Eniem L'Entreprise nationale des industries de l'électroménager (Eniem) a été créée par décret n°83-19 du 02 janvier 1983 à la faveur de la restructuration de Sonelec. En octobre 1989, elle a été transformée en société par actions (SPA) détenues à 100% par l'Etat avec un capital de social de 2 957 500 000 DA. Ses filiales, situées essentiellement à Oued Aïssi, sont l'unité de froid (réfrigérateurs et congélateurs) et celles de cuisson et de climatisation. Les deux autres filiales sont Filamp, sise à Mohamadia, wilaya de Mascara, qui fabrique et commercialise des lampes d'éclairage, et EIMS à Miliana (wilaya de Aïn Defla), spécialisée dans la fabrication et la commercialisation des produits sanitaires. En août 2007, l'Eniem figurait parmi les treize entreprises nationales que le consortium et banque d'affaires espagnol Santander était chargé de privatiser. Points faibles et points forts de l'Eniem Parmi les points faibles de l'Eniem, on citera une production extravertie, des exportations inexistantes ou limitées pour cause de concurrence ou des gabarits des produits de l'Eniem, une demande en constante fluctuation en raison de la faiblesse du pouvoir d'achat de la clientèle, un endettement important et notamment un découvert bancaire qui génère des agios élevés. Dans la case des points forts, il est noté une production de qualité, un outil de production assez récent avec des capacités installées importantes, une longue expérience dans la branche électroménager, une bonne image de marque et une notoriété de plus de 30 ans de fiabilité des produits à l'utilisation. S'agissant des opportunités commerciales et de développement, il est écrit dans le document qu'elles sont caractérisées par un marché de taille et en forte croissance, une nette amélioration des indicateurs macroéconomiques et la relance du secteur de l'habitat, pourvoyeur de la demande en produits électroménagers. Nonobstant ces perspectives prometteuses, des « menaces» pèsent sur l'entreprise avec l'arrivée de nouveaux entrants sur le marché national en application de l'accord d'association avec l'UE. «Ces nouveaux concurrents de taille mondiale risquent à moyen terme de menacer la pérennité de l'entreprise», avertit la fiche de présentation qui prévient aussi contre «l'existence d'une concurrence sauvage et déloyale, matérialisée par le marché informel non soumis aux mêmes contraintes de gestion qui risquent à terme de menacer les parts de marché de l'entreprise».