Comment parler de ce recueil de textes critiques paru aux éditions Barzakh au mois de juin dernier sans remettre en question le journalisme culturel exercé aujourd'hui par la presse algérienne ? La rigueur qu'observe Yassin Temlali dans ses articles exige de celui qui doit en parler une certaine rigueur d'écriture qui n'est à la portée que de rares plumes de la presse algérienne. D'où la difficulté de restituer à cet ouvrage tout le mérite qui lui est dû. Une difficulté accentuée par l'éloge qu'en fait un autre journaliste aussi rigoureux que l'auteur, El Kadi Ihsane.Ancien rédacteur en chef et ami de toujours de Yassin Temlali, El Kadi dresse avec beaucoup de finesse son portrait. Témoin de son époque, franc, critique, caustique, Yassin Temlali a su garder des idéaux lui permettant «cette immense compassion pour l'imperfection de ses frères humains». El Kadi évoque, à juste titre, dans la préface de l'ouvrage la conscience critique de l'auteur et son essence. Une conscience à la base de toutes les critiques déconstruisant «la subversion factice d'une partie de la littérature algérienne de l'urgence», soutiendra El Kadi dans sa préface. L'ouvrage, scindé en trois parties, ne critique pas seulement des œuvres littéraires ou cinématographiques, mais soulève surtout des débats pertinents. Comment peut-il en être autrement lorsqu'on évoque deux contextes historiques violents et sanglants de l'Algérie contemporaine ? La guerre d'indépendance et la guerre de l'Algérie contre le terrorisme islamiste sont omniprésentes. Au fil des chroniques, l'auteur d'Algérie Chroniques ciné-littéraires de deux guerres démontre qu'on ne peut parler d'un écrit littéraire en Algérie sans deviser de la société dont il est issu. Aussi la guerre d'indépendance est-elle présentée comme une mémoire toujours vivace. Une mémoire qui continue à provoquer des débats aujourd'hui. La guerre d'indépendance, semble souligner Yassin Temlali, n'est pas seulement un évènement passé mais il continue à orchestrer le présent. Une guerre présente aussi bien par les débats qu'elle suscite à travers ses évènements historiques mais aussi par les différents ouvrages qui restituent la mémoire d'un peuple. G. H.