Les élections législatives égyptiennes n'auront pas lieu comme prévu puisqu'elles sont reportées pour octobre ou novembre. La transition en Egypte est particulièrement difficile et des appels à un report du scrutin se sont fait de plus en plus pressant. L'impréparation de la majorité des mouvements politiques et les critiques que subit l'instance militaire qui régit le pays ont plaidé pour un ajournement. De plus, les Frères musulmans considérés comme le mouvement politique le mieux organisé en Egypte, pourraient tirer profit d'un scrutin organisé dans l'urgence. Les mouvements libéraux qui essayent de s'organiser depuis la chute du président Hosni Moubarak le 11 février, militent pour le report d'un rendez vous crucial pour l'avenir du pays. L'inscription des candidats débutera en septembre. L'armée entend donner des gages de ses engagements. Ceux de remettre le pouvoir aux civils après la période transitoire. Dans une Egypte multiple et plurielle, la phase de campagne s'annonce particulièrement disputée. Le Premier ministre Essam Charaf s'était montré favorable à un report. Afin de permettre à un plus grand nombre de formations de s'organiser avait-il affirmé. L'armée avait laissé entendre que la date du scrutin pourrait être différée. Les manifestations sont de plus en plus nombreuses à prendre pour cible le conseil au pouvoir depuis février. L'armée est poussée à s'exprimer régulièrement pour désamorcer une tension grandissante. Les protestataires occupent de nouveau la désormais symbolique place Tahrir du Caire en réclamant justice et des procès rapides de Hosni Moubarak et de ses alliés, accusés de corruption et de répression sanglante du soulèvement populaire du début de l'année. Plus de 840 personnes ont été tuées en dix-huit jours de contestation qui ont mis fin à une trentaine d'année de régime fermé à façade démocratique. Beaucoup d'Egyptiens reprochent au Conseil militaire de ne pas tenir ses promesses et de retarder le procès des figures de l'ancien régime. Le procès de l'ancien raïs, toujours hospitalisé à Charm el Cheikh, doit s'ouvrir le 3 août. Pour montrer quelques bonnes intentions, Essam Charaf promet de remanier son gouvernement mais sans parvenir à satisfaire les manifestants. Les égyptiens réclament l'accélération des procédures judiciaires à l'encontre des membres du régime déchu et surtout l'accélération des réformes démocratiques. Le mouvement des frères musulmans, qui s'est organisé en parti politique légal pour participer au scrutin, était interdit sous l'ancien régime. Cependant le mouvement islamiste disposait d'une marge de manœuvre pour développer des activités sociales et caritatives parallèles. Les frères musulmans contournaient l'interdiction d'activer politiquement en présentant des candidats indépendants pour les élections législatives. En 2005 ils ont «officieusement» obtenus 20% des sièges. M. B.