Le ministre de la Communication a haussé le ton au sujet de la circulation illégale des agréments des titres de presse. Nacer Mehal promet ainsi de mettre de l'ordre dans la scène médiatique envahie, soutient-il, par le «trabendisme». Intervenant en marge de la clôture de la session de printemps de l'Assemblée populaire nationale, le ministre de la Communication a ainsi dénoncé une telle situation tout en annonçant des mesures de coercition à cet effet. «Je l'ai dit et je le répète aujourd'hui, le trabendisme sur la scène médiatique où les agréments de titres de journaux se vendent et se revendent, est inadmissible», a déclaré le ministre de la Communication. Et d'ajouter que «des mesures seront prises pour assainir la situation et rétablir les choses dans leur contexte». Ceux qui sont en pleine transaction d'achat ou de vente d'un agrément doivent s'en inquiéter. Ce genre de pratique n'est plus possible, à en croire M. le ministre. Une telle promesse devrait logiquement réjouir les professionnels du secteur qui se plaignent, avec beaucoup de dépit, du désordre régnant. Mais dans lequel nombreux sont les intrus à trouver leurs comptes… à milliards, en dévalorisant la profession. On peut prêter de bonnes intentions au ministre de la Communication, souvent présenté comme enfant de la corporation. On peut à l'évidence partager sa peine de voir la scène médiatique évoluer sans repères et sans la moindre règle. Il reste cependant clair qu'une déclaration «d'assainissement» n'assainit rien quand l'attribution d'un agrément dépend plus de «facteurs tacites» que des dispositifs réglementaires. Ce n'est pas par manque d'ambition que des journalistes algériens ne lancent pas leur propre entreprise de presse. En plus des soucis de financement, ils ont la conviction que le terrain est investi par des gens étrangers au métier, mais qui finissent par s'y installer. Ces gens se recrutent manifestement dans le monde des affaires, souvent louches, et des parlementaires en déficit de représentativité mais qui prospèrent au nom de l'immunité parlementaire. L'épicentre de ce «trabendisme» est à ce niveau. Autrement dit, les maux internes de la presse sont connus. Les professionnels du secteur gèrent, de la manière qu'ils peuvent, ces maux en attendant des jours meilleurs. Mais ce qui aggrave davantage la crise d'éthique que traverse la presse algérienne, c'est incontestablement ces interminables irruptions de baltaguis. A l'APN, le ministre a voulu aussi vanter les nouveautés apportées dans le secteur, à l'image de la révision du code de l'information. Mehal a défendu l'idée selon laquelle «les dispositions qui seront contenues dans le nouveau texte visent, en premier lieu, à protéger le journaliste». Pour lui, «le code de 1990 contenait des choses positives, mais après vingt ans d'existence, il fallait revoir certains articles pour se mettre au diapason des grandes mutations que connaît le pays». Dans le même registre, il a annoncé que la carte professionnelle du journaliste sera prise en charge dans le cadre du nouveau texte, avec «la création d'une instance chargée de la délivrance de ce document». A propos de la commission installée pour mettre en place une convention-cadre pour la grille salariale des journalistes, Mehal a noté que «cette commission avançait dans son travail». A. Y.