Les besoins énergétiques de l'Algérie sont satisfaits, presque exclusivement, par le pétrole et le gaz naturel. Néanmoins, à long terme, la reconduction du modèle de consommation énergétique actuel rendra difficile l'équilibre offre-demande pour ces deux sources d'énergie.A titre illustratif, les niveaux des besoins de l'Algérie en gaz naturel se situeraient aux horizons 2020 et 2030 respectivement à 54 milliards de mètres cubes et 102 milliards de mètres cubes. A ces besoins du marché national s'ajouteraient les volumes à exporter nécessaires pour le financement de l'économie nationale.Aux mêmes horizons 2020 et 2030, la consommation d'électricité devrait se situer respectivement à plus de 80 tWh et 150 tWh.Ces considérations dictent la nécessité d'intégrer dès aujourd'hui les énergies renouvelables dans la stratégie d'offre énergétique à long terme, tout en accordant un intérêt aux économies d'énergies. A cela s'ajoute l'importance d'apporter des solutions globales et durables aux défis environnementaux.Consciente de l'intérêt grandissant des énergies renouvelables et de leurs enjeux, l'Algérie a, de ce fait, intégré leur développement dans sa politique énergétique par l'adoption d'un cadre juridique favorable à leur promotion et à la réalisation d'infrastructures y afférentes. Le développement des énergies renouvelables est encadré par un ensemble de textes législatifs, entre autres la loi n°99-09 du 28 juillet 1999 relative à la maîtrise de l'énergie, la loi n° 04-09 du 14 août 2004, relative à la promotion des énergies renouvelables dans le cadre du développement durable ainsi que la loi de finances 2010 relative à la création d'un fonds national pour les énergies renouvelables. Ce choix stratégique est motivé par l'immense potentiel en énergie solaire. Cette énergie constitue l'axe majeur du programme qui consacre au solaire thermique et au solaire photovoltaïque une part essentielle. L'Algérie ambitionne de produire 40% de son électricité à l'horizon 2030 à partir de l'énergie solaire et également de se positionner comme fournisseur majeur d'électricité verte en direction du marché européen en se fixant un objectif d'exportation de 10 000 mW en partenariat à la même échéance. Malgré un potentiel assez faible, le programme n'exclut pas l'éolien qui constitue le second axe de développement et dont la part devrait avoisiner les 3% de la production d'électricité en 2030.L'Algérie prévoit également l'installation de quelques unités de taille expérimentale afin de tester les différentes technologies en matière de biomasse, de géothermie et de dessalement des eaux saumâtres. Développer une industrie locale d'équipements et de composants Le programme national de développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique pour la période 2011-2030 a été adopté par le gouvernement en date du 3 février 2011.Ce programme constituera aussi le vecteur de développement d'une industrie nationale des énergies renouvelables qui s'appuiera sur les compétences existantes en mettant en valeur l'effort de recherche et de développement dans les différents domaines liés à ces industries.Pour la production d'électricité d'origine renouvelable, l'objectif global du programme consiste dans l'installation de 22 000 mW à l'horizon 2030, dont 10 000 mW pourraient être dédiés à l'exportation. La part du programme d'énergies renouvelables destinée à l'exportation sera mise en oeuvre en partenariat si l'accès au marché européen est garanti.Néanmoins, la concrétisation de ce programme, selon Youcef Yousfi, ministre de l'Energie et des Mines, n'aura aucun sens si la quasi-totalité de ces équipements ne sont pas fabriqués localement et si sa technologie n'est pas maîtrisée par des laboratoires algériens. Pour M. Yousfi, il est aujourd'hui impératif de consolider l'industrie nationale destinée à répondre aux besoins des filières des énergies renouvelables.L'intégration, en 2009, de la société Rouiba Eclairage dans le Groupe Sonelgaz s'est inscrite dans ce sens. Elle est venue pour répondre à une stratégie de développement d'une véritable industrie du solaire. La mission confiée à Rouiba Eclairage consiste en la réalisation d'une usine de fabrication de modules photovoltaïques, en 2014. Une étude a déjà été entamée pour l'identification des accessoires et fournitures annexes, nécessaires à la fabrication des modules devant être approvisionnés sur le marché local tels que le verre, l'aluminium pour le cadre, les câbles, les batteries, le boîtier de jonction, la visserie, etc.A titre d'exemple, il s'agit de 1 million de m3 de verre, 2,5 millions de ml de profilés d'aluminium, 430 000 boîtes de connexion, 500 km de câbles, etc. Un salon pour le développement de la sous-traitance Afin d'amorcer la création et le développement d'un tissu industriel en mesure de prendre en charge la fabrication de produits et composants qui viendraient répondre aux besoins de l'usine de modules photovoltaïques de Rouiba Eclairage ainsi que d'autres produits et composants liés aux systèmes et centrales photovoltaïques, la Holding Sonelgaz a organisé, les 10 et 11 juillet courant à Alger, le premier Salon du développement de la sous-traitance nationale en matière de fabrication des composants de modules et de systèmes photovoltaïques.Ce salon a permis de présenter et d'expliquer aux investisseurs nationaux la consistance du programme national de développement des énergies nouvelles et renouvelables. Selon M. Noureddine Bouterfa, P-DG de Sonelgaz, l'Algérie devrait relever trois défis, à savoir la réalisation annuelle, dès 2014, par des moyens nationaux, des installations photovoltaïques qui devront absorber la totalité de la production annuelle de Rouiba Eclairage, dont la mise en service est prévue en 2013, et qui sera à cet horizon de plus de 100 mégawatts crête (mWc) ainsi que la maîtrise de toutes les technologies associées aux énergies renouvelables. L'industrie nationale des EnR s'appuiera sur la formation et R&D Faire de cette nouvelle filière industrielle un potentiel porteur de création d'emplois en nombre considérable avec des filières de formation nouvelles est le troisième défi que doit relever l'Algérie, et ce, afin de fournir aux industriels des ressources humaines qualifiées et professionnalisées.Prenant conscience de l'importance de la formation pour le développement de la fabrication des composants des modules photovoltaïques, Rouiba Eclairage a pris des dispositions à l'effet de procéder au recrutement d'ingénieurs qui seront appelés à prendre en charge l'exploitation de la future usine, en vue de leur dispenser des formations dans les domaines envisagés tels que la physique du solide, le photovoltaïque et la robotique.Pour ce faire, des conventions seront conclues avec plusieurs établissements d'enseignement supérieur spécialisés, tels que l'USTHB, l'UDTS, le CDTA, le CDER et l'UDES. Par ailleurs, pour permettre à l'encadrement de l'usine de suivre les évolutions technologiques de l'industrie photovoltaïque, il a été décidé que la langue de travail soit l'anglais et une formation intensive de l'anglais technique est prévue à cet effet. Aussi, Rouiba Eclairage compte renforcer sa relation avec les centres de recherches à travers des conventions d'assistance en matière de R&D d'appui, dans les domaines de la fabrication des cellules et modules photovoltaïques, ainsi que la robotique. Pour ce faire, l'Unité de développement des technologies de silicium (UDTS), dans le cadre de son plan de développement, prévoit la réalisation d'une plateforme R&D au niveau de son site d'El Harrach, qui sera dotée d'équipements nouveaux, notamment pour le dopage, la métallisation et la chimie. Par ailleurs, une convention-cadre entre Sonelgaz, Rouiba Eclairage, Credeg, CEEG et les centres de recherche (UDTS-CDER) sera mise en place pour définir les interventions de chacune des parties en matière d'assistance et de R&D d'appui à cette usine. En somme, des efforts sont aujourd'hui engagés pour réunir les conditions idoines à l'émergence d'une industrie du renouvelable. Son succès serait en fonction de l'éclosion d'un pôle de compétence basé essentiellement sur le génie local comme gage de pérennité. B. A.