Selon le programme adopté par le gouvernement en février dernier, les différentes technologies disponibles dans le domaine des énergies nouvelles et renouvelables devraient être testées en Algérie dès cette année et jusqu'à 2013 à travers la réalisation de projets pilotes. Sur cette base, la mise en œuvre du programme de développement des énergies nouvelles et renouvelables commencera l'année suivante et connaîtra son déploiement à grande échelle entre 2016 et 2020. Ce programme est destiné à permettre, à l'horizon 2030, à l'Algérie de produire à partir des énergies renouvelables 40 % de l'électricité dédiée au marché national, soit 12 000 mégawatts (MW). En outre, si l'accès au marché européen est garanti et si le partenariat qui convient est trouvé, l'Algérie serait en mesure, à la même échéance, d'exporter 10 000 MW vers ce marché. Le programme du gouvernement prévoit de réaliser 27 projets de centrales photovoltaïques situées dans les régions des hauts plateaux et au sud du pays. Elles seront interconnectées au réseau nord. Il prévoit également 6 centrales thermiques solaires, notamment à Béchar et à El Oued (puissance installée de la partie solaire : 150 MW chacune). Les puissances des quatre autres centrales, quant à elles, varient entre 150 MW et 400 MW. La part donnée au solaire est justifiée par l'importance de son potentiel par rapport à l'éolien, à la géothermie et à la biomasse. Sept projets de centrales éoliennes, non localisés encore, d'une puissance installée entre 20 MW et 50 MW, figurent dans le programme du gouvernement. Ces objectifs sont réalisables, affirment les experts algériens. Ils font remarquer que les coûts des filières d'énergies renouvelables devraient chuter sensiblement au cours des vingt prochaines années. Un programme de recherche en énergies nouvelles et renouvelables a été lancé pour appuyer cet effort et pour contribuer également au développement d'une industrie nationale des énergies renouvelables. Il n'y a pas d'autres alternatives. La Commission de régulation de l'électricité et du gaz (CREG) estime qu'à long terme, la reconduction du modèle de consommation énergétique actuel rendra problématique l'équilibre offre-demande pour le gaz naturel, qui est la principale source d'énergie utilisée pour la satisfaction des besoins énergétiques nationaux. Cette situation est confortée par le fait que le gaz naturel est l'énergie la moins chère pour le consommateur. Selon un document consacré au programme national des énergies nouvelles et renouvelables, publié dans la revue Equilibres (mars 2011), éditée par la CREG, les niveaux de nos besoins en gaz naturel sont estimés, aux horizons 2020 et 2030, respectivement à 45 et 55 milliards de mètres cubes auxquels il faut ajouter les volumes à exporter pour acquérir les ressources financières destinées à répondre aux besoins de l'économie nationale. D'après les prévisions de la CREG, la consommation d'électricité devrait se situer entre 75 à 80 TWh en 2020 et entre 130 et 150 TWh en 2030. Les experts algériens en déduisent la double nécessité d'intégrer dès aujourd'hui les énergies renouvelables dans la stratégie d'offre énergétique à long terme et d'aller en même temps vers les économies d'énergies. Sur ce dernier point, un volet «efficacité énergétique» est prévu dans le programme du gouvernement adopté en février dernier. Il comprend, dans le secteur domestique, l'isolation thermique des bâtiments, le développement du chauffe-eau solaire, la réalisation de projets pilotes de climatisation au solaire, la généralisation de l'utilisation des lampes basse consommation, l'éclairage public performant, avec la substitution de la totalité du parc de lampes à mercure par des lampes à sodium à l'horizon 2015. Dans le secteur industriel et au niveau des établissements grands consommateurs d'énergie, l'efficacité énergétique passe par la réalisation d'audits et l'aide aux projets d'économie d'énergie. L'introduction des énergies renouvelables aura inévitablement un surcoût par rapport aux niveaux de prix du gaz naturel, qui sera compensé par un apport financier de l'Etat. M'hamed Rebah