Amar Tou l'a signifié au personnel navigant : 106% de hausse salariale, cela n'est pas possible, parce qu'Air Algérie n'en a pas les moyens. Le ministre a-t-il convaincu ? Ce faisant, Amar Tou risquerait de brouiller les négociations qui ont commencé hier entre la direction d'Air Algérie et les délégués du PNC. Et du coup, de pousser le syndicat à durcir son mouvement. Le PNC, qui avait fait grève sans préavis, a affirmé que l'accord trouvé jeudi dernier ne pouvait signifier la fin du conflit. Comprendre qu'il pourrait relancer son mouvement de grève, si jamais les revendications qu'il avait mises en avant n'étaient pas satisfaites. Le syndicat du personnel navigant est dans son droit de demander plus, comparant les salaires d'Air Algérie à ceux des autres compagnies. Un steward, en début de carrière, touche 16 000 dinars (160 euros environ) à Air Algérie, et 35 000 dinars (350 euros) en fin de carrière. Un steward de Royal Air Maroc, pour l'exemple, perçoit 700 euros par mois. Il est vrai que le différentiel est de taille, pourtant, les deux compagnies, appartenant à la même zone géographique, font les mêmes rotations, ou presque. La même charge de travail ? Ce dont le ministre des Transports est sûr, c'est qu'Air Algérie n'est pas en difficulté financière, que ses comptes sont à l'équilibre. Mais, une revalorisation salariale pourrait les fragiliser et mettre la compagnie nationale dans une situation instable. Et puis, le nouveau P-DG ne veut pas reprendre en main une entreprise à problèmes, poussant au statu quo, en attendant d'y voir plus clair, à l'automne prochain. Peut-être que la tempête sera passée, sans trop de dégâts. Boultif ne veut pas, non plus, de corporatisme dans la compagnie qu'il dirige car, s'il obtenait tout ce qu'il revendiquait, le PNC inciterait les autres corps de métier à exiger une augmentation salariale et autres revendications d'ordre professionnel.La direction d'Air Algérie, même si elle semble circonspecte, a, cependant de la marge au plan financier, pouvant accéder aux revendications du personnel navigant. La masse salariale, rapportée au chiffre d'affaires qu'elle dégage, bon an, mal an, demeure dans une proportion raisonnable. Certes, la compagnie souhaite se concentrer sur le renouvellement de sa flotte, se moderniser, améliorer la qualité de service, et revoir sa billetterie, notamment pour ce qui est du réseau domestique. Tout un programme, tout un budget. La compagnie a de l'ambition, parce que forcément il y a de l'argent dans les caisses. Néanmoins, les derniers Boeing qu'elle a importés ne peuvent servir, comme ils le doivent, les différentes dessertes que s'il y a, au sol comme dans les airs, un personnel qualifié, bien payé. La gestion des ressources, portée pourtant au premier plan des priorités des responsables qui se sont succédé à la tête d'Air Algérie, n'a été que fugace, chimère. Des compétences correctement rémunérées auraient peut-être pu faire passer Air Algérie du tout au tout, et la ponctualité dont se plaignent les passagers d'Air Algérie aura été un lointain mauvais service. Y. S.