Annoncée en grande pompe, la première rencontre entre la direction d'Air Algérie et le personnel navigant commercial (PNC), prévue pour hier, n'a finalement duré que quelques minutes. Les représentants du syndicat ont décidé de suspendre les négociations tant que leurs collègues licenciés n'auront pas été réhabilités dans leur poste de travail. C'est ce qu'a affirmé Yacine Hammamouche, responsable du collectif du PNC, contacté hier après-midi. Notre interlocuteur affirme que les représentants de la direction et ceux du syndicat se sont mis, effectivement, autour d'une table de négociations, mais le syndicat s'est retiré en raison du non-respect par la direction de ses engagements. «Jeudi dernier, la direction d'Air Algérie a posé comme préalable aux négociations la suspension de la grève. Nous avons accepté cette condition en posant à notre tour la nôtre, à savoir l'annulation des sanctions contre les meneurs de grève et leur réintégration dans leur fonction. Nous avons tenu promesse, mais la direction ne l'a pas fait», précise M. Hammamouche. Il a expliqué que la rencontre a duré quelques minutes, le temps de demander des explications concernant la non-application de la levée des sanctions contre les grévistes. «Nos interlocuteurs de la direction nous ont affirmé que l'ordre d'annulation a été donné, seulement sur le terrain rien n'a été concrétisé. C'est ce qui a motivé notre retrait des négociations», précise-t-il. Vers 17h, les télex portant décision d'annulation des sanctions ont commencé à atterrir sur les bureaux du personnel concerné. «Si nous n'avions pas fait pression sur la direction et si nous n'avions pas agi de la sorte, les sanctions n'auraient pas été levées. Si d'ici demain (aujourd'hui, ndlr) toutes les sanctions sont effectivement levées contre les 150 grévistes, les négociations reprendront à partir de 14h», assure-t-il. Autre point de discorde entre les deux parties en conflit : le contact avec la presse. Les responsables de la direction d'Air Algérie, dit M. Hammamouche, ont demandé aux responsables du syndicat de suspendre les contacts avec la presse. Une demande rejetée par le syndicat. Lors de ces négociations, l'UGTA, indique-t-il, ne sera pas de la partie. Mais on ne sait pas encore quelle sera l'issue des négociations. Les pourparlers risquent d'être serrés, en particulier sur la question des augmentations de salaires. Lors de son passage, hier, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, le PDG d'Air Algérie, M. Boutlif, a rappelé que la situation financière de l'entreprise «ne permet pas de répondre favorablement à la préoccupation principale du PNC qui est une augmentation de 106% des salaires». Il se dit pour «un compromis sans hausse salariale». «La compagnie espère trouver un compromis sur les revendications des employés», a-t-il déclaré, assurant qu'il dispose «d'une marge de manœuvre». «Je n'irai en aucun cas contre les intérêts de l'entreprise», car on ne peut «traiter de manière corporative», cette question, a ajouté M. Boultif. S'exprimant sur les pertes essuyées par l'entreprise après le dernier mouvement de débrayage, M. Boultif donne le chiffre de 31,7 millions de dinars sur le réseau international. S'exprimant sur le même sujet après avoir observé un silence inexplicable au début de la grève, le ministre des Transports, Amar Tou, abonde dans le même sens : «Les possibilités financières d'Air Algérie ne permettent pas une augmentation des salaires, car quand on donne 20% ou 106% il ne faut pas oublier que les autres corps (d'Air Algérie) demandent la même chose», a-t-il lancé en marge de la visite du centre de formation de la RATP El Djazaïr. «Si vous donnez un centime de plus au PNC, il faut aussi accorder la même chose aux personnels navigant, technique et de maintenance», a-t-il précisé. «Air Algérie n'est pas en difficulté financière. Difficulté veut dire que si vraiment on touche à ses finances, elle serait tout simplement menacée par la ruine», a-t-il affirmé.