Photo : Riad Par Salah Benreguia Déjà laminés par un pouvoir d'achat des plus vulnérables, les Algériens font perpétuellement face à une envolée des prix des produits de large consommation. Les prix de certains produits de large consommation, ainsi que ceux des fruits et légumes connaissent, actuellement, une courbe ascendante. Alors que le pays enregistre une croissance économique sans précédent (plus de 150 milliards de dollars de réserves de change, et plus de 5 000 milliards de dinars dans le Fonds de régulation des recettes), les citoyens ne trouvent même pas de quoi s'offrir un repas complet et équilibré. Juste une virée sur les points de vente, les marchés hebdomadaires et autres «asouak» pour se rendre compte, et sans exagération, que cette embellie financière n'est jamais traduite sur le vécu du citoyen. Des scènes de supplice et de mendicité sont devenues légion dans un pays riche. Devant la gravité de la situation sociale des Algériens, ces scènes sont devenues d'une affligeante banalité. Ce décor est, hélas, planté, durant toute l'année, avec un lifting remarquable pour la période du mois sacré. Car, par un incroyable retournement de situation, ce mois exceptionnel (religieusement parlant) est celui où l'on assiste à une «saignée» incroyable des consommateurs par les «profiteurs» de tous bords. Notre première halte est le marché «Tnach» de Belcourt. Un marché jadis connu pour ces prix imbattables, faisant le bonheur de ses clients. Mais cette belle époque est bien révolue, et ce lieu n'offre plus cette bonne réputation, excluant de facto, les petites bourses. A l'intérieur du ce marché, les prix ne sont pas très encourageants : tomate 60 DA, haricots verts 120 DA, courgette 85 DA et poivron vert 120 DA alors que ce sont des légumes de saison. Les dattes sont à 360 DA le kilo, lefrik à 220 DA, la viande congelée d'agneau à 480 DA, le poulet à 680 DA la pièce... «Nous sommes saignés par la flambée des prix. Nous sommes à la merci des spéculateurs qui, non seulement, à la veille, puis durant le mois de Ramadhan, mais toujours, font la loi. Malheureusement, les contrôleurs du marché ne font rien.». Ces propos émanent de Karim, la cinquantaine passée, rencontré au niveau de ce marché. Du côté des vendeurs, c'est un autre son de cloche. Un détaillant spécialisé dans la vente des légumes, à Bab El Oued (quartier populaire à Alger), nous assure que le marché des Trois Horloges est l'un des moins chers, sinon le moins cher d'Alger. Pourtant, certains chiffres déclinés confinent clairement à l'abus, comme cette tomate à 60 DA (contre 35 DA il y a quelques jours) affichée par un marchand bien achalandé. Nous lui demandons la raison d'une telle hausse. Le marchand relativise : «C'est parce que c'est une tomate de meilleure qualité». A la question de savoir pourquoi, en général, les prix sont dans des seuils quasi-inabordables, à la veille du mois sacré, notre interlocuteur s'est forcé de nous rassurer, avec des arguments, à l'appui : «Cela est dû à la forte sollicitation des produits. C'est la loi de l'offre et de la demande. Après, ils chutent progressivement.» Après, c'est quand !? Silence et boule de gomme chez ce vendeur.