Photo : Hacene Par Youcef Salami Les enseignants contractuels, par exemple, avaient organisé la contestation et passé même des nuits dehors, devant la présidence de la République, pour se faire entendre. Promesses leur ont été faites : leurs revendications seront prises en charge. A ce jour, ils n'ont rien vu venir. Une situation qui risquerait de les pousser à radicaliser leur mouvement, à l'automne prochain. D'autres voix contestataires vont certainement se joindre à leur cause, parce qu'il n'y a pas qu'eux qui se font attendre. Les communaux, les dockers, les cheminots, les employés de Sonatrach ne sont pas encore parvenus à obtenir ce qu'ils revendiquent. Du beau monde que les pouvoirs publics auront du mal à contenir à la rentrée sociale. De tous les corps, dont les revendications n'ont pas encore été satisfaites, seuls les communaux se font actuellement plus visibles, alternant sit-in et rassemblements, notamment à Alger. Et ils ne comptent pas attendre la rentrée sociale pour dire ce qu'ils pensent des conditions socioprofessionnelles dans lesquelles ils accomplissent leur travail, au quotidien. Le mouvement de contestation qu'ils conduisent, même s'il est circonscrit, a relativement perturbé nombre de services communaux, en ces périodes de vacances et de départs en congé annuel. Les dockers émargeant à la multinationale émiratie en charge de la gestion du port à conteneurs d'Alger et de Jijel semblent, eux, marquer une pause, en attendant que l'antenne d'Alger satisfasse à toutes leurs revendications. Ils pourraient revenir à la charge, paralyser les activités du port. Pendant ce temps, les salariés de Sonatrach, notamment dans la région de Hassi R'mel, réfléchissent à reprendre la grève qu'ils avaient gelée, il y a de cela quelques semaines, après que la direction de la compagnie nationale eut pris sur elle d'étudier et de satisfaire toutes les doléances. A la différence, peut-être, des autres employeurs (SNTF, APC, Education nationale…), Sonatrach ne peut mettre en avant le fait qu'une augmentation salariale risquerait d'hypothéquer la situation financière de l'entreprise, l'exposer aux difficultés. Cependant des questions se posent : pourquoi des mouvements de grève ont-il réussi ? Et pourquoi d'autres piétinent-ils ? Aux dires de beaucoup, tout est une question de rapport de force, d'organisation des mouvements de contestation. Autre élément fondamental, trait commun dans les mouvements de grève en question : l'UGTA n'a pas réussi à arrêter les grèves, pas même dans les structures où elle a de l'influence et où elle se fait représenter, comme c'est le cas à Hassi R'mel. Mais cela ne l'a pas empêchée de proposer ses services au syndicat du personnel commercial et navigant (PNC) d'Air Algérie, une entité autonome, au quatrième jour de son mouvement de grève. Madjid Sid Saïd s'est posé en intermédiaire dans des négociations tenues secrètes entre le gouvernement et le PNC. Dans tout ce bouillonnement, le gouvernement, tout comme l'UGTA d'ailleurs, semble accuser le coup, en attendant de réagir à la rentrée sociale, avec, peut-être, des propositions concrètes de la part de la centrale syndicale. Celle-ci affirme qu'elle fera en sorte qu'il y ait «hausse salariale», à la faveur de la prochaine tripartite prévue en septembre. Y réussira-t-elle ? Attendons pour voir.