De notre envoyé spécial à Tlemcen Samir Azzoug University of Gnawa et Aziz Samhaoui ont récolté dans la soirée de lundi à mardi les fruits des ambiances semées depuis le 21 juillet dernier, au théâtre de verdure d'El Koudia à Tlemcen, par les différents groupes de l'art gnawi. Si la musique et l'art sont universels, les goûts et les émotions dépendent des acquis culturels, des sensibilités collectives ou individuelles. L'appétit vient en mangeant. La répétition d'un son crée une curiosité qui devient avec le temps appréciation. Tel est l'enseignement à tirer du Festival international du Diwan version Tlemcen. Les premiers jours de spectacles, malgré la participation de groupes de réputation mondiale, tels l'Orchestre national de Barbès ou Maalam Hassan Boussou, l'assistance nombreuse ne semblait pas saisir l'état d'esprit de cet art gnawi ancestral qui interpelle l'esprit des anciens. On était loin, en fait, des ambiances de folie que provoquent ces «séances d'hypnose collectives» dans les scènes habituées à la hadra modernisée. Mais à force de semer dans le désert, on finit un jour par faire pousser quelque chose. Avec la patience d'un cultivateur, le Festival du Diwan sème. Par sa maîtrise de l'art gnawi auquel il introduit des sons modernes, des rythmes contemporains, University of Gnawa magnétise une assistance moins nombreuse que d'habitude. La fin du week-end a quand même drainé une foule qui occupe les trois quarts des sièges du théâtre de verdure. La joie sur scène, la complicité entre les membres, Aziz Samhaoui et ses musiciens ont produit l'inattendu. Le public complètement acquis. Aziz, ancien de l'ONB (Orchestre national de Barbès) et pilier du groupe University of Gnawa, s'attire rapidement la sympathie des spectateurs par sa musique, sa voix et son bagou.Les spectateurs en redemandent. «Zid chouya» (encore un peu), le groupe reprend ses instruments et la «danse-transe» continue. Avant la montée sur scène de cette machine à ambiance, le groupe Sidna Blel de Tindouf, troisième lauréat du prix de la 5e édition du Festival national de la musique diwan de Béchar, avait déjà perpétré pour une courte durée le terrain. La quatrième édition du Festival international du Diwan organisée pour la première fois en dehors d'Alger, dans le cadre de «Tlemcen capitale de la culture islamique», s'est clôturée hier (mardi 26 juillet). Une semaine de gnawi à Tlemcen, ville de haouzi et de musique andalouse. Le diwan (équivalent algérien du gnawi) fera-t-il des émules dans la capitale des Zianides ? Dans l'art comme ailleurs, il y a beaucoup d'appelés mais peu d'élus. Mais le germe est planté.