De notre envoyé spécial à Tlemcen Samir Azzoug La quatrième édition du Festival international du Diwan s'est ouverte jeudi. L'événement musical qui tente pour la première fois une délocalisation dans le cadre de «Tlemcen capitale islamique» – les autres éditions se sont déroulées à Alger – plante ses rythmes à El Koudia, un quartier populaire né de l'ancien plus grand bidonville de la wilaya de Tlemcen, situé aux abords de la route nationale à l'entrée nord du chef-lieu de la wilaya. C'est dans cette banlieue que s'est érigé le nouveau théâtre de verdure de la ville, fraîchement monté. Une bonne initiative pour décloisonner le périmètre et décomplexer une population généralement issue des régions limitrophes. 21h, les gradins restaient encore en grande majorité vides malgré l'annonce du spectacle d'un groupe qui produit du délire et met le feu au corps pour les amateurs de musique rythmée dans un mélange des genres traditionnel, moderne, oriental et occidental. Le plus que célèbre Orchestre national de Barbès. L'espace commence à se remplir une demi-heure après, avec une arrivée calme et flegmatique des familles et des jeunes tlemcéniens et autres visiteurs du moment. 22h, l'heure fixée pour le début du spectacle, beaucoup de sièges restaient encore vides. L'arrivée de la délégation des Emirats arabes unis, quelques minutes après la clôture de la semaine culturelle émiratie, sous les applaudissements du public annonce l'arrivée des artistes. 22h40, l'ONB entre en scène après l'allocution d'ouverture du festival faite par le commissaire Mourad Chouihi. En file, pieds nus, tenues décontractées, qraqebs (pluriel de qarqabou) et exercice vocal sans instruments, les artistes entrent. «Ya Sadates, dif Allah ou difkoum» (messieurs, hôte de Dieu et votre hôte), ils invitent les spectateurs à accueillir chaleureusement leur art. Devant un public plus habitué aux rythmes lents de la musique andalouse et hawzi, l'ONB avait du mal à créer l'ambiance délirante dont ils ont le secret. «On va vous réveiller», annonce un membre du groupe devant un public trop sage. Le pari est lancé. L'explosion d'énergie que renvoie l'ONB, la joie dégagée sur scène commencent à submerger l'espace. Ya Poulina puis Salam Alikoum ya l'hbab, les jeunes spectateurs et les familles venues en touristes sortent de leur torpeur. L'ambiance se détend, les applaudissements sont rythmés et les corps s'animent. Au bout de trois chansons, le pari est tenu. Le coup de starter déclencheur de la fiesta est donné par un membre de la délégation émiratie qui, en tenue de cheikh du Golfe (kamis et kefieh), se laisse emporter par le rythme et invite les spectateurs à l'imiter.Le public conquis en redemande. Fifi et Lola (Feriel et Lilia), deux jeunes filles venues avec leur mère d'Alger, s'en donnent à cœur joie. «Je regrette seulement que l'ambiance ne soit pas complètement délurée, mais la fête est totale», témoigne Fifi entre deux mouvements de danse, jugeant le public trop «discipliné».Jusqu'à 00h, les dix artistes du groupe Parisien polyethnique aux sensibilités musicales variées sèment le plaisir dans un théâtre de verdure désormais presque plein. Pari tenu, pari réussi pour la première soirée du Festival international du Diwan, en termes d'ambiance et d'organisation. Se clôturant le 26 juillet, l'évènement verra la participation des groupes de l'art gnawi tels : Blel Bouhadjar, Ouled El Hal, Sara, Sidna Blel, Ouasfane de Constantine, Amar Sundy, Maalam Hassan Boussou, Band of Gnawa, University of Gnawa et Aziz Sahmaoui ainsi que Fangnawa. La Hadra sortira de son cercle et se répondra chaque soir du festival pour animer les soirées d'une banlieue populeuse de Tlemcen.