Le président du Sénégal, Abdoulaye Wade, ne désespère pas et semble vouloir se maintenir au pouvoir au-delà de 2012 même s'il a cédé, encore une fois, à la pression de l'opposition en nommant une nouvelle personnalité au poste de ministre chargé des élections. Cheikh Guèye a pris ses fonctions hier en remplacement du ministre de l'Intérieur, Ousmane Ngom, très contesté par l'opposition qui a demandé à maintes reprises sa démission de ce poste. Cheikh Guèye, inspecteur général d'Etat, occupait le poste de directeur général des élections. Ce changement intervient au lendemain du meeting organisé par le président lui-même à Dakar. Ce meeting avait réuni près de deux millions de ses partisans, ramenés de toutes les villes du pays pour contrecarrer le rassemblement non-autorisé du mouvement du 23 juin (M23) de l'opposition qui a rejeté l'idée d'une candidature de Wade pour un troisième mandat présidentiel. Abdoulaye Wade, âgé de 82 ans et au pouvoir depuis février 2000, envisage de se représenter pour un troisième quinquennat successif. Il a tenté de modifier la constitution pour lui permettre de créer le poste de Vice-président. Les partis de l'opposition avaient manifesté le 23 juin dernier contre ce projet de réforme constitutionnelle, accusant le président actuel de vouloir placer son fils à la tête de l'Etat et d'ouvrir ainsi la voie à une dynastie au Sénégal. Abdoulaye Wade a donc été contraint de retirer le nouveau texte de loi mais n'a pas ceder sur l'essentiel : se retirer du pouvoir à la fin de son deuxième mandat présidentiel. Hier, le Parti démocratique sénégalais (PDS, au pouvoir), qu'il dirige, est venu à son secours en passant, lui aussi, à l'offensive contre l'opposition. Le PDS a appelé les leaders de l'opposition à soutenir le nouveau ministre Chargé des élections et à adopter une attitude «constructive», a rapporté l'agence de presse sénégalaise (APS). «Le PDS demande à l'opposition de démontrer son attachement à la stabilité du pays en ayant une attitude constructive et à accorder au nouveau ministre, une présomption de compétence et de neutralité», indique le communiqué transmis, mardi, à l'APS. Mais le régime de Wade souffle le chaud et le froid, car tout en faisant semblant de répondre à la demande de l'opposition, il continue de faire pression sur ses leaders. La preuve en est que le l'un des chefs de files du «Y en a marre», le mouvement qui était à l'origine de la naissance du M23, a été arrêté par la police depuis lundi soir pour être interrogé, mais aucun de ses proches ne sait encore pourquoi. Les membres de «Y en a marre» ont d'ailleurs assiégé hier le siège de la police pour demander la libération immédiate de leur leader. Cette arrestation, même temporaire, joue en la défaveur du chef de l'Etat qui donne davantage de raison d'être contesté. L. M.