Les ministres indien et pakistanais des Affaires étrangères se sont montrés optimistes sur l'avenir de leurs relations à l'issue d'une rencontre hier visant à relancer leur processus de paix, qui a toutefois marqué peu d'avancées concrètes. Le chef de la diplomatie indienne, S.M Krishna, a estimé que les relations bilatérales étaient «sur le droit chemin», tandis que son homologue, la jeune Hina Rabbani Khar, a évoqué une «nouvelle ère» de coopération. Le fait même de se rencontrer est «une satisfaction», a résumé la secrétaire indienne aux Affaires étrangères, Nirupama Rao. Il s'agissait de la première rencontre depuis un an au niveau des Affaires étrangères entre les deux pays d'Asie du sud dotés de la puissance nucléaire. Les deux ministres ont convenu de se revoir d'ici la mi 2012, à Islamabad. Après les attentats de 2008 qualifiés de «11 septembre indien», New Delhi avait suspendu le processus de paix amorcé en 2004, qui portait notamment sur la situation du Cachemire, région divisée entre les deux pays et en proie dans sa partie indienne à une insurrection islamiste depuis plus de 20 ans. New Delhi avait attribué le carnage de Bombay (166 morts) à un groupe islamiste basé au Pakistan, le Lashkar-e-Taïba. Mais les deux pays ont peu à peu évolué vers une reprise des discussions officielles, en particulier sous la pression des Etats-Unis désireux de pouvoir compter sur une stabilité régionale. Les deux pays avaient annoncé en février une reprise officielle des discussions. Avant la rencontre, le nouveau visage de la diplomatie pakistanaise avait indiqué souhaiter que les relations ne soient «pas prises en otage par le passé». L'Inde et le Pakistan se sont livré trois guerres depuis leur indépendance en 1947. Les discussions, qui ont duré à peine deux heures, ont toutefois donné lieu à peu d'avancées significatives. Les deux pays se sont engagés à poursuivre les discussions sur la région disputée du Cachemire pour trouver «une solution pacifique». Ils ont notamment convenu de faciliter les échanges commerciaux et la circulation de personnes le long de la ligne de contrôle qui divise l'Inde et le Pakistan au Cachemire. Leur coopération dans la lutte antiterroriste et sur le plan commercial sera aussi renforcée. Mme Khar a rencontré des séparatistes cachemiris indiens, un rendez-vous considéré par les médias indiens comme une «note discordante» à son voyage. Nirupama Rao, s'est saisie de cette rencontre pour rappeler l'existence de divergences avec Islamabad, faisant état d'un «optimisme prudent». Son homologue pakistanais, Salman Bashir, a assuré que cette rencontre ne devait pas être «mal interprétée». La presse indienne relevait par ailleurs la touche de «glamour» apportée par Hina Rabbani Khar qui est à 34 ans le plus jeune chef de la diplomatie de l'histoire du Pakistan et la première femme à être nommée à ce poste. Le quotidien populaire Mumbai Mirror s'est accordé ce jeu de mot : «Une bombe pakistanaise atterrit en Inde». R. I.