Les Syriens établis à Alger, avec la souffrance d'exilés politiques, ont exprimé leur déception de ne voir aucun signe de soutien de la part des régimes arabes. La ligue arabe a été aussi montrée du doigt en restant indifférente face au massacre que subit le peuple syrien, à Damas, Hamma et Draa. Invités par la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme, pour une soirée de débat, ils ont émis le vœu de voir des pressions s'exercer sur le pouvoir criminel de Bachar Al Assad qui use de moyens de guerre face à des manifestants désarmés. Ils souhaitent un isolement du régime actuel. C'est dans cet objectif que la LADDH s'est chargée de rédiger un appel, appuyé par des universitaires et des avocats, pour dénoncer le régime syrien et réclamer l'expulsion de l'ambassadeur de Syrie en Algérie. Programmée sous le thème «Révolution des peuples arabes, perception et positions», la rencontre a surtout abordé l'évolution des manifestations du peuple syrien et les meurtres que commet quotidiennement le régime de Bachar Al Assad. Mustapha Bouchachi, le président de la LADDH, a justifié ce «glissement» par la gravité de ce qui se passe en Syrie. Ahmed El Fendi, un Syrien établi en Algérie depuis vingt ans, a essayé d'expliquer la nature du régime syrien. Il dira, à ce sujet, que «la Syrie est une immense prison où un citoyen n'est jamais recruté s'il n'exprime pas son adhésion et son allégeance au parti Baas. Un pays où les riches peuvent être exempts du service national au prix de quelques dollars seulement». Revenant sur le début des manifestations, El Fendi rappelle que les Syriens ne sont pas sortis dans les rues pour des revendications sociales. «Les Syriens réclament de la liberté», a-t-il soutenu. Il s'est indigné du discours que tient le gouvernement syrien. «Le régime parle d'un plan de déstabilisation et de la main de l'étranger, alors que les Syriens ont exprimé fort leurs mots d'ordre : non à la violence, non au confessionnalisme et non à l'intervention étrangère», souligne Ahmed El Fendi. L'universitaire algérien Zoubir Arous a averti, pour sa part, sur ce qui serait «une fin inachevée» des révolutions. Se référant à Pierre Bourdieu, il dira que «les plus dangereuses révolutions sont celles qui ne sont pas achevées». Il a exprimé sa crainte de voir des changements s'opérer à la tête des pays tout en préservant l'esprit et le fonctionnement du système. «Le procès de Hosni Moubarak ne garantit pas la réussite de la révolution égyptienne», dit-il. Et d'ajouter qu'«on ne peut dire révolution que lorsqu'il y a rupture avec l'ancien régime. Or chez nous, arabes et musulmans, il y a toujours un recommencement». A noter que la LADDH prévoit une série de tables rondes, chaque vendredi de Ramadhan, autour des questions liées aux révolutions et aux réformes. La prochaine rencontre abordera «les médias et les révolutions arabes». Revenant sur le procès Moubarak, Me Bouchachi, président de la LADDH, a indiqué qu'il y a quelque chose d'historique qui se déroule dans le monde arabe. «Pour la première fois dans l'histoire, un président arabe est jugé par son peuple. C'est positif», dit M. Bouchachi. Il faut souligner que les présents à cette soirée de débat ont constaté, via des images vidéo, l'atrocité de la torture faite aux Syriens par le régime criminel d'Al Assad. A. Y.