Les industries culturelles dans les pays développés connaissent des développements inattendus depuis quelques années tout en élargissant, selon le jargon commercial, «leurs parts de marché» et le spectre des «cibles» qui consomment sur tous les supports. Et dans les offres nouvelles, la téléphonie mobile est venue s'inscrire parmi les espaces où sont diffués des films, des concerts, et rien n'empêche à l'avenir d'avoir sur son portable du théâtre ou de l'opéra. Les mondes de la téléphonie (fixe et mobile), de l'Internet qui n'en est qu'à sa préhistoire avec tous les services qu'il préfigure aujourd'hui, et celui de tous les dérivés et périphéries (sécuritaires, atteintes aux libertés individuelles, contrôle de communications privées opérés par Google que l'Europe conteste à ce jour, le fichage de tous les secteurs et domaines aux échelons national et mondial), et les libertés offertes aux jeunes et aux consommateurs des TIC en ce siècle interpellent tous les gouvernants. Dans tous ces domaines, l'Etat algérien est en présence de deux obstacles, tous les deux contre-productifs, archaïques et générateurs objectifs de régressions indiscutables. Le premier consiste en un discours de fonctionnaires publics qui gèrent des carrières et/ou des postures idéologiques qui font sourire les chefs d'une mondialisation qui se moque des idéologies, des nationalismes incapables de produire des patates en quantité suffisante. Ce discours se résume ainsi : «En Algérie, les TIC vont très bien, l'Etat fait de manière remarquable son travail de régulateur, de législateur et offre des services au top selon des normes internationales basiques. Ce qui est faux, simplement courtisan ou bureaucratique, et qui ne trompe personne, de la base au sommet.» L'autre discours, tout aussi intéressé aux plans politique et financier émane de plusieurs manières de secteurs privés, plus ou moins indépendants de grands groupes internationalisés. Pour eux, le seul remède, le miracle et la panacée serait tout de suite que les TIC dans toutes les déclinaisons soient confiées au privé à travers des concessions dont bénéficient des entreprises privées étrangères basées en Algérie. Ces entreprises font du travail, rendent de vrais services à des millions de consommateurs algériens, qui paient, quel que soit le statut juridique du fournisseur. On oublie souvent en Algérie de constater et de dire que les nouveaux services, et l'Algérie est très loin d'avoir épuisé toutes les offres, ont été vulgarisés et donnés à connaître grâce à la réception satellitaire des chaînes TV de toutes nationalités, de différents statuts juridiques, qui cumulent le téléphone, l'Internet, les SMS, des programmes radios et TV, des pages jaunes, etc. C'est pour dire le retard national où le citoyen ne reçoit pas à chaque année un annuaire sur un support papier ou électronique une fois qu'il est abonné à une téléphonie. L'effet d'annonce publicitaire dans la presse ne remplace jamais le service de manière concrète. L'EEPAD, à la lecture de la presse algérienne, aurait acquis les droits de Canal+. A travers une offre «Five Play», l'entreprise aurait réalisé une première en Algérie et dans le monde arabe. Comme il faut savoir raison garder, les offres dans le monde entier pour n'importe quel bouquet satellitaire est un jeu d'enfant. Un Marocain, un Egyptien, un Algérien ou un martien qui signe un contrat en France, le paie, reçoit un démodulateur qu'il amène dans ses bagages dans son pays, capte grâce à une parabole donnée gratuitement les mêmes programmes, pour le même contrat, la même somme qu'un citoyen qui habite en France. Tout le monde sait cette pratique en Algérie. On dit qu'«on a l'abonnement officiel payé à chaque mois en France». Dans les annonces publicitaires dans la presse algérienne, il n'est nulle part détaillé le contenu des droits obtenus avec Canal+ : liste des chaînes, couleur de chaque Canal+, chaînes d'information, chaînes sportives et de cinéma, etc. Où est la liste à travers le territoire des concessionnaires EEPAD où le citoyen, au Sud, à l'Est, au Centre et à l'Ouest, peut se rendre pour s'informer et souscrire au «Five Play» ? Personne à travers ces lignes ne remet en cause le travail de l'EEPAD, sa volonté commerciale (règle première pour une entreprise privée partout dans le monde) et normalement pour une entreprise publique qui n'a pas à grever les dépenses publiques. La seule critique porte sur l'explication détaillée, à travers les pages publicitaires publiées dans la presse nationale pour que le consommateur soit précisément informé. Sachant qu'il n'y a pas d'association crédible pour la défense des consommateurs, alors que les programmes sont séduisants et mobiles. A. B.