Le risque d'une nouvelle guerre plane entre le Nord et Sud-Soudan, après un mois seulement de la proclamation officielle de l'indépendance des provinces du Sud (9 juillet), a averti le porte-parole de l'Armée populaire de libération du Soudan (SPLM), le général Malaak Ayuen Ajok, repris par l'agence officielle russe Ria Novosti. Alors que les négociations devraient encore se poursuivre entre les deux parties pour trouver une solution à plusieurs questions en suspens, l'option du recours aux armes n'est en fait pas à écarter, notamment après les affrontements qui ont eu lieu récemment à Kordofan, une région située à la lisière entre les deux Etats. «Les événements survenus dans le Kordofan du Sud et plus particulièrement à Abyei ont engendré un risque de guerre. Il n'est donc pas exclu que des événements analogues à ceux qui ont eu lieu entre l'Erythrée et l'Ethiopie après la division de cette dernière puissent se répéter au Soudan», a déclaré le général Malaak Ayuen Ajok. La lutte autour de l'enclave d'Abyeï, une région fortement riche en pétrole, constitue l'un des points de discorde entre Khartoum et Juba. Un référendum populaire d'autodétermination devait être organisé le 11 janvier dernier, au même temps que celui du Sud-Soudan, mais il a été reporté sine die par les autorités soudanaises sans en fixer une nouvelle date pour sa tenue. Pis encore, l'armée soudanaise a stationné ses troupes dans cette région pétrolifère depuis les affrontements de la mi-mai et refuse de se retirer, estimant qu'il y a toujours un risque d'éclatement de nouveaux combats. De nombreuses factions rebelles écument en effet la région où les conflits tribaux autour du contrôle des points d'eau et des zones de pâturage. Les évènements de mai dernier ont ainsi contraint l'ONU à déployer ses «casques bleus» pour éviter de nouveaux combats qui, à chaque fois, provoquent de sérieux flux de déplacés au sein de la population locale. Donc, selon le général Malaak Ayuen Ajok, les activités de Khartoum risquent d'amener le Sud à engager une véritable guerre après son accession à l'indépendance. Le texte de Constitution transitoire, promulguée au Sud-Soudan, intègre la zone d'Abyeï dans le territoire du nouvel Etat alors que les négociations sont toujours en cours avec Khartoum. Un nouveau round des pourparlers de paix, dans le cadre de l'accord global signé en 2005, aura lieu prochainement à Doha entre le Nord et le Sud pour délimiter le tracé de la nouvelle frontière séparant les deux Etats et négocier un partage équitable des richesses souterraines, deux problèmes fondamentaux qui doivent être réglés dans les meilleurs délais. L'Union africaine et l'ONU ont appelé les responsables des deux Etats à continuer les discussions de paix afin d'éviter une nouvelle effusion du sang. L. M.