Photo : Riad Par Radia Djouzi Le secteur des assurances n'a pas besoin de privatiser ses compagnies, a déclaré M. Karim Djoudi, ministre des Finances, en marge de la tenue de la 35ème Conférence et assemblée générale de l'Organisation africaine des assurances (OAA) tenue à partir d'hier, au palais des Nations. Il a estimé que le marché algérien des assurances se développe d'une façon «très forte, cette croissance s'articule entre 13 et 15% par an». A partir de ce constat, «on n'a pas besoin de privatiser les compagnies d'assurances, cependant nous avons besoin d'avoir de nouveaux intervenants de qualité pour augmenter les points de vente et mieux développer les produits». La couverture du marché des assurances en Algérie est très faible. «Nous disposons d'une seule agence pour 28 000 habitants, ce qui écarte l'option de privatisation des compagnies» a-t-il expliqué. Ainsi, le taux de pénétration du marché par rapport au PIB n'est que de l'ordre de 1%. Dans le même ordre d'idées, le ministre a souligné que «le rapport du PNUD a indiqué que le marché africain représente 1,3% du PIB du mondial», ce qui situe l'Algérie comme «l'un des plus gros marchés en Afrique». Cette réalité encourage les pouvoirs publics à ouvrir le marché des assurances aux compagnies étrangères. A ce sujet, le ministre a indiqué que «plusieurs compagnies étrangères ont déposé leurs dossiers d'investissement en Algérie, ces dossiers sont actuellement en étude». En effet, le marché algérien est un marché où il y a matière à développer mais, pour ce faire, il faut réunir un certain nombre de conditions : d'«abord il faut que la pratique des assurances soit un peu plus reconnue au niveau de la population ; il faut aussi qu'il y ait un peu plus de points de vente». Interrogé sur le sujet relatif à la privatisation du Crédit Populaire d'Algérie (CPA), qui traîne depuis quelque temps, le ministre s'est contenté de dire : «Rien de nouveau» ! Ajoutant que «la BDL ne sera pas privatisée avant le CPA». Sur cette lancée, le chef du gouvernement, M. Abdelaziz Belkhadem, a rappelé que l'Algérie compte aujourd'hui 17 compagnies d'assurances contre 6 en 1995. L'activité du secteur des assurances a enregistré durant l'année 2007 un chiffre d'affaire de l'ordre de 53 milliards de dinars. Il a, dans la même optique, annoncé que le secteur «recèle des opportunités d'investissement et de croissance susceptibles de répondre aux attentes des investisseurs dans le domaine des assurances dont le rôle ne se limite plus à la couverture de tous les risques mais s'étend à la satisfaction des besoins de tous les secteurs, en s'adaptant aux progrès scientifiques et technologiques». Par ailleurs, le représentant du président de l'OAA, M. Moussa Diaou, a, lors de son discours, souligné l'importance de la création d'un «Centre africain des risques catastrophiques», un projet qui demeure en attente faute de financement. A ce propos, il dira : «Le problème du financement sera prochainement résolu.» Optimiste, il indiquera un peu plus loin que «l'Organisation compte sur l'aide de la CNUCED [Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement]». Ce centre permettra l'échange d'informations entre les Etats et l'étude des expériences déjà menées par les pays développés. D'après l'intervenant, les catastrophes naturelles pèsent de plus en plus sur le continent. Ce qui impose l'adoption d'une politique africaine en matière d'assurances contre ces risques. D'après le bilan de l'année 2005 de l'OAA, les catastrophes ont coûté la vie à plus de 88 000 personnes et engendré des dégâts matériels et immatériels estimés à plus de 220 milliards de dollars. En 2007, pas moins de 18 pays africains ont été touchés par des catastrophes naturelles à différents degrés, ce qui interprète l'importance du rôle de l'assurance à la fois dans la prévention et la couverture des risques. En somme, placés sous le thème «risque environnementaux : l'apport de la prévention et de l'assurance», les travaux de la 35ème conférence s'articulent autour de trois axes, à savoir la présentation des principaux risques environnementaux auxquels est exposé le continent africain, les mesures préventives et de protection qui pourraient être mises en œuvre, et les mécanismes financiers à mettre en œuvre pour une prise en charge de ces risques.