L'Algérie n'a pas pu se faire une place parmi les 500 meilleures universités du monde, selon un récent classement de l'Academic Ranking of World Universities. Affiliée à l'université de Jiao Tong (Shanghai), ce baromètre permet aux Chinois de comparer leurs universités avec les meilleures mondiales et de fournir des conseils aux étudiants chinois à l'étranger. Les Algériens, les dirigeants au premier chef, peuvent cependant s'en servir. Pour voir à quel point l'université algérienne a reculé. Et combien elle ne tient plus la compétition devant d'autres universités, pas forcément celles des pays développés. Pour aussi s'interdire d'établir des satisfecit qui renvoient de façon systématique au nombre de nouveaux inscrits de chaque rentrée universitaire. Sur un cycle de dix ans, 40 000 chercheurs algériens ont quitté le pays pour vivre là où la recherche a un sens. Un expert algérien raconte qu'il a été sollicité par une université française pour 1 000 euros pour un cours de deux heures, au moment où une université nationale lui propose une affligeante «prime» de 2 000 dinars/heure. Reste-t-il dès lors une raison de croire à un supposé encouragement de la recherche scientifique ? Au sein de l'université, on n'y croit pas. Les dernières évolutions incitent plutôt à l'exil. Au ministère, on défend, sans gêne, la fausse idée selon laquelle de plus en plus de chercheurs algériens reviennent ou il paraît qu'il y a une «amélioration des conditions socioéconomiques du chercheur». Il est pourtant établi que ce ne sont pas les quelques incitations d'ordre social qui dissuaderont les candidats au départ. Une situation qui risque de consacrer l'échec de l'université algérienne qui aura ainsi fait fuir son meilleur produit sans pouvoir réunir les conditions de son retour. Reste-t-il dès lors une raison de croire à un supposé encouragement de la recherche scientifique ? Au sein de l'université, on n'y croit pas. Bien au contraire : les dernières évolutions incitent plutôt à l'exil. Il y a en vérité de sérieuses raisons de s'inquiéter quant à l'avenir de la recherche scientifique en Algérie. En bénéficiant d'un faible budget, elle aura visiblement beaucoup de mal à reprendre sa place. Ceux qui connaissent bien les laboratoires de recherche ne se font pas trop d'illusions. Ils indiquent que 60% du budget sont consacrés aux dépenses administratives. Il est ainsi loisible de constater qu'il n'y a guère de volonté politique pour réunir les conditions favorables à une véritable recherche scientifique. Le retard ne saurait être rattrapé avec une politique publique qui résume le rôle de l'université à garantir une place au nouvel étudiant sans réfléchir à la qualité de la formation dont il bénéficiera. A. Y.