De plus en plus de clubs algériens veulent prendre part à la Ligue arabe des champions ou l‘Arab Champions League (ACL), selon l'appellation officielle. Même la JSK, dont les dirigeants ont toujours refusé de participer à cette compétition, commencent à y réfléchir sérieusement. Cette saison, ils sont trois à être représentés au premier tour de la compétition qui aura lieu entre les 27 et 29 octobre pour le match aller et entre les 24 et 26 novembre pour le match retour. Il s'agit du tenant du titre, l‘ES Sétif, de l'USM Alger et de l'USM Annaba. Ce dernier affrontera l'Ittihad Alep de Syrie alors que les Algérois donneront la réplique à El Wehda d'Arabie saoudite. Les Sétifiens joueront contre le club libanais d'Al Ansar. L'Entente de Sétif tentera d'aligner un troisième titre arabe d'affilée et d'entrer ainsi dans l'histoire. Seul le club irakien d'Al Rasheed avait fait autant (1985, 1986 et 1987). De plus, la formule de la Ligue arabe des champions a complètement changé depuis 2004. Ainsi, l'intérêt que portent les clubs algériens envers l'ACL a fortement grandi ces toutes dernières années. Il est vrai que l'ESS leur a ouvert l'appétit. Mais ce qu'il y a de plus important dans cette «affaire» est le fait que les primes de victoire sont tellement importantes qu'elles en font «sourciller» plus d'un. D'autant plus, à titre indicatif que, depuis que l'ESS a remporté son premier titre arabe, l'avant-dernière saison, le club s'est retrouvé dans une aisance financière sans pareille. Son président, Abdelhakim Serrar, fait comme bon lui semble dans le marché des transferts. Il n'y a qu'à voir, cette saison, les recrutements réalisés par le club qui s'est offert les services des joueurs les plus chers du championnat allant du buteur de la saison passée, Nabil Hemani (JS Kabylie), à la révélation de ce même exercice, Mohamed Seguer (MC Saïda). En plus de ces primes, arriver à un stade avancé dans ces compétitions attire forcément beaucoup plus de sponsors. Le club s'en sort gagnant sur tous les plans. C'est pour cela que plusieurs équipes espèrent participer à cette Ligue des champions arabes et pas à une autre. Toujours lors de la saison passée, on se souvient que le président de l'USM Alger, Saïd Allik, avait déclaré dès le départ que son objectif était de participer à la Ligue arabe et non à une compétition africaine. D'ailleurs, pour plus d'un, avec l'approche de la fin du championnat, les «calculs» du club de Soustara pour les premières places étaient clairs : il fallait à tout prix «éviter» les deux premières places du classement général, parce que ces deux places joueront automatiquement la Ligue africaine des champions. Le président Allik avait déclaré au tout début de saison que la prestigieuse compétition africaine «coûtait» trop cher. De plus, même dans le cas où un club l'a remportée, les primes ne sont pas aussi élevées que celles de la Ligue arabe, sans parler du niveau également plus élevé. Il n'y a qu'à faire référence au club égyptien d'Al Ahly qui domine l'Afrique, qui est, ces dernières années, presque à chaque édition en demi-finale au minimum et qui refuse de prendre part à la Ligue arabe des champions. Mais cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de club ayant un très bon niveau en Ligue arabe. Ce n'est pas parce que l'ESS l'a remportée à deux reprises que tous les clubs algériens peuvent faire de même. Ce qui explique que, ces dernières années, l'Arab Champions League a pris cette proportion est le fait des primes accordées par l'Arab Radio and Télévision (ART), le bouquet satellitaire arabe qui finance et organise cette compétition. Par exemple, en remportant la finale (un à zéro au profit des Sétifiens en aller et retour), lors de la dernière édition, face au club marocain du Widad de Casablanca (WAC), l'ESS a empoché un chèque d'un million et demi de dollars. Le WAC est reparti, quant à lui, avec un million de dollars, somme réservée pour le perdant de la finale. Ceux qui sont éliminés en demi-finale, au nombre de deux, bien sûr, repartiront avec un chèque de 600 000 dollars. Ceux qui sortent à l'issue de la phase des groupes toucheront pour chacun (au nombre de quatre) 300 000 dollars. C'est le cas notamment de l'USMA qui a terminé, lors de l'édition précédente, à la troisième place derrière le WAC, leader, et d'El Djeich (Egypte), qui l'a emporté sur l'USMA au goal-average. En dernier lieu, celui qui sort au second tour percevra une prime de 60 000 dollars et au premier tour 40 000 dollars. C'est dire, finalement, que la Ligue arabe des champions est vraiment très «lucrative». D'autant plus que, pour l'actuelle édition (6e), face au programme chargé des équipes nationales (qualification pour le Mondial 2010 et les phases finales des différentes coupes continentales), les organisateurs avaient décidé de supprimer la phase des poules. Il n'y aura qu'un quart de finale à élimination directe. Donc, cela sera moins contraignant et pénible pour celui qui arrive à ce stade de la compétition. En tout état de cause, si l'Arab Champions League est ce qu'elle est aujourd'hui: c'est exclusivement grâce à ART, qui en a fait une compétition très lucrative pour les clubs et assez bien suivie par de nombreux fans de la balle ronde dans les pays arabes. Pour rappel, ART est un bouquet satellitaire basé à Djeddah, en Arabie saoudite. Il est constitué de plusieurs chaînes de télévision (cinéma, sport, musique, etc) mais est beaucoup plus connu par le fait qu'il finance la Ligue arabe des champions et qu'il détient les droits de retransmission de plusieurs compétitions internationales, principalement les Coupes du monde 2006 et 2010. Une polémique avait vu le jour, lors du Mondial d'Allemagne, lorsque les téléspectateurs algériens étaient forcés de s'orienter vers les cartes ART pour suivre cet événement planétaire. Beaucoup avaient critiqué cette nouvelle logique commerciale dans le football. Mais, à vrai dire, cela n'est pas nouveau puisque auparavant d'autres acteurs détenaient ces droits et si, à un certain moment, les chaînes de télévision publiques arabes ou africaines pouvaient s'offrir des images, c'est parce que la concurrence n'était pas aussi rude, donc, les prix des droits n'étaient pas aussi élevés. Maintenant, c'est une tout autre histoire. Le groupe ART, dont le propriétaire est le cheikh saoudien Salah Abdallah Kamel, qui l'avait fondé en octobre 1993, a lancé la Ligue arabe des champions en 2004. Auparavant, cette compétition s'appelait la Coupe arabe des clubs champions (de 1982 à 2001) avant de se transformer en «tournoi de l'émir Fayçal ibn Fahd» pour deux éditions (2002 et 2003) et finir par la suite, à partir de 2004, par l'Arab Champions League. En dernier lieu, il faut dire que même, si la logique du «tout commercial» de ce bouquet ne plaît pas à certains (en tout cas, si ce n'est pas ART qui détient les droits de retransmission ce serait un autre, les choses n'étant plus gratuites), néanmoins, ils ont pu donner une «âme» à une compétition qui se jouait depuis longtemps presque dans l'anonymat. Même si la Fédération internationale de football (FIFA) n'a pas l'habitude d'applaudir les compétitions basées sur un paramètre autre que géographique, dans ce cas précis, elle estime que cet événement sportif arabe peut apporter quelque chose à un football à la traîne si on le compare avec les niveaux européen, latino-américain ou même africain. A. A.