Photo : Riad Par A. Lemili Au cours d'un match entrant dans le cadre des 16es de finale de la coupe de la ligue française, évoquant le cas d'une formation qui était à la peine malgré la qualité de son effectif et dont la direction n'avait trouvé comme exutoire que le limogeage de l'entraîneur pour insuffisance de résultats, l'un des commentateurs s'est autorisé la réflexion suivante «obligatoirement la désignation du nouveau coach à la tête de l'équipe devrait se matérialiser par un changement positif dans tous les domaines. Incontestablement, sa compétence dans le domaine technique, son professionnalisme et son sens des relations humaines ne peuvent être remis en cause. Du reste, dans l'ensemble, son palmarès plaide pour lui. Les regards dorénavant devraient être plutôt portés sur les joueurs, lesquels vont devoir à leur tour apporter la preuve qu'ils ne sont pour rien dans les mauvais résultats enregistrés jusque-là». C'est à nuance légère le scénario dans lequel baigne depuis son «montage» la sélection nationale algérienne. Bien entendu, quiconque pourrait rétorquer qu'en arrivant jusqu'aux demi-finales de la coupe d'Afrique des nations et en disputant une coupe du monde après vingt-quatre années d'absence, la comparaison n'est pas de mise avec l'expérience de la formation française citée précédemment. Pourtant, c'est une réalité que les campagnes africaine et mondiale ne doivent pas masquer, pour la simple raison que les rencontres de qualification pour la première ont été entachées d'anti-sportivité de part et d'autre au cours de certaines rencontres décisives et notoirement folkloriques notamment à la lecture du résultat final pour d'autres. Quant au mondial, autant passer à la trappe une présence dévalorisante d'une sélection nationale qui a cru, on ne sait trop comment et en vertu de quelle logique, passer au deuxième tour sans trouver le chemin des filets adverses, s'arcboutant sur une seule obsession : ne pas prendre de but. Tout cela dans l'idée du sélectionneur national que ne pas perdre face à une équipe anglaise constellée d'étoiles est une grande performance alors que perdre devant une Slovénie et/ou les Etats-Unis, autrement dit les culs-de-jatte du groupe, n'était pas pour autant une honte.Saâdane, celui-là même qui s'est sans doute fait les dents et une réputation sur la sélection nationale, renforcé la qualité de son CV, fourni son agenda et fait, au-delà des nombreux avantages en nature rapportés par les médias spécialisés et son proche entourage, royalement payé, s'est toutefois libéré de ses responsabilités (ou a été démis, un jour les langues se délieront) pour être remplacé au pied levé par Benchikha, lequel, est-il besoin, n'a fait que perpétuer les mêmes errements.Coach Vahid, qui, vraisemblablement, peut disposer d'une majorité de nouveaux éléments en raison de l'âge avancé de ceux qui les ont précédés et pour d'autres poussés vers la porte de sortie parce qu'ils n'avaient jamais eu en réalité l'étoffe à même de revêtir le maillot national et enfin ceux, en fait l'essentiel de la sélection, qui évoluent dans des championnats qualitativement faibles ou sinon dans des clubs à la limite de l'anonymat, va donc devoir saisir l'occasion qui lui est fournie par ce match face aux Tanzaniens pour se faire une idée précise des atouts dont il dispose et, partant d'un premier constat, quelle que soit l'issue de celui-ci, d'apporter les corrections qu'il jugera essentielles. Ce sera donc une rencontre-test qui lui permettra d'appréhender dans un format naturel la réalité du challenge qu'il s'est imparti et plus particulièrement de la difficulté qu'il aura à surmonter. Un autre atout pour un coach qui, d'emblée, avait eu les mots justes pour ramener à sa juste dimension une sélection que tout le monde s'évertuait à qualifier de phénoménale rien que parce qu'elle a disputé deux évènements sportifs mondiaux. «Nous irons en Tanzanie pour gagner. En entendant cela, les joueurs se sont mis à rigoler. Certains parmi eux n'ont pas conscience qu'on peut gagner. Il faut que je leur mette dans leur tête qu'ils peuvent le faire», aurait souligné, étonné, le Bosnien à l'un de nos confrères de la presse spécialisée. Pourtant, il n'y a franchement pas de quoi s'étonner d'un tel état d'esprit une fois toutes les rencontres de la sélection nationale revues, exception faite de celle face à la Cote d'Ivoire où tout s'est joué pratiquement sur un coup de dés et d'un Bouazza si «lumineux » qu'il n'a pas été retenu pour la coupe du monde. Or, l'état d'esprit qui vient en appoint à la cohésion, la solidarité et enfin le bagage technique de l'ensemble sont souvent les éléments essentiels dans un groupe. Hallilhodzic sait la complexité d'une telle architecture d'autant plus qu'il l'a vécue au PSG et dans tout cela demeure très peu enclin à faire des concessions même s'il n'est pas aussi inflexible que le laisse transparaître une image quelque peu galvaudée «montée» par la presse autour du personnage. Quoi qu'il en soit, le Bosnien est gagneur et pour peu qu'il trouve adhésion à sa manière de travailler, il est capable non pas de redonner une âme à la sélection nationale, parce qu'en réalité elle n'en a jamais eu, mais de l'en doter initialement. C'est sur cet aspect des choses qu'il faudrait d'abord juger M'bolhi et ses camarades après la rencontre face à la Tanzanie, laquelle en fait, tout le monde est unanime, compte peu quoiqu'en football rien n'est impossible. Le résultat, en tant que tel, importera en réalité, c'est surtout sur cet état d'esprit qu'il y aura lieu de s'appesantir d'autant plus que le match se jouera dans les conditions certainement voulues par le coach, c'est-à-dire à l'extérieur, en terre hostile sportivement parlant et sera forcément physique et heurté. Ce qui est pain bénit pour qui connaît le tempérament de Vahid Hallilhodzic et sa propension à faire de la difficulté et l'adversité sa meilleure mesure d'appréciation. En fait, le sélectionneur national a l'avantage de démarrer sa mission sans être pris à la gorge par un challenge immédiat tout en ayant l'opportunité de disputer des matchs décisifs pour ce qui lui reste d'adversaires et donc autant d'opportunités de voir ses joueurs, à la peine, mettre du cœur à l'ouvrage pour bien des raisons. Bien entendu, celle de revêtir le maillot national mais également celle de travailler sous la houlette d'un grand coach.