De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Dimanche prochain, les établissements scolaires connaîtront un nouveau rush des élèves à l'occasion de la rentrée scolaire 2011/2012, avec cette nouveauté de la réintroduction du livre et de la lecture dans le programme scolaire. La décision de réintroduire le livre à l'école a été prise conjointement par les ministères de l'Education nationale et de la Culture, avec la signature d'un accord stipulant l'obligation faite aux écoliers de lire au moins quatre ouvrages durant l'année scolaire.L'école algérienne a maladroitement géré la question de la lecture, notamment en l'abandonnant depuis plusieurs années, alors qu'elle est censée être un outil important pour l'épanouissement cognitif et culturel de l'apprenant. Cette décision qui entend promouvoir et développer le livre et la lecture, prévoit également d'autres actions entrant dans le même objectif comme la création de quelques centaines de bibliothèques, l'institution du prix du meilleur lecteur parmi les élèves ainsi que la création de clubs de lecture et de dictée au sein des établissements scolaires. En somme, une série de mesures appelées à corriger une lacune monumentale, parmi tant d'autres, qui a longtemps sévi dans le système éducatif et qu'il était temps de relancer vu l'état lamentable dans lequel se trouve l'école de notre pays.Tous les parents d'élèves que nous avons interrogé à Tizi-Ouzou se sont déclarés satisfaits de ces mesures en faveur du livre et de la lecture. Mais ils seront nombreux à préciser que ces mesures ne «seront utiles que si elles sont bien appliquées». «J'ai bien vu que mon jeune frère n'aime pas trop la lecture, pourtant il est étudiant et il a besoin de lire pour poursuivre ses études et réussir», dit Mohamed qui avoue s'être toujours inquiété pour ses deux enfants scolarisés de 8 et 11 ans, même s'il précise que son inquiétude ne se limite pas à la problématique de la lecture. Il mettra cependant un bémol à son optimisme en posant le problème de la mise en œuvre de cette décision qu'il veut bien lier à la surcharge de travail imposé aux petits bambins. Beaucoup de parents dénoncent la décision prise par les pouvoirs publics de supprimer le vendredi de la scolarité des enfants depuis le changement du week-end. Pour eux, la pression sur l'enfant est infernale depuis que le programme de l'année est concentré sur cinq jours de la semaine, amenant les écoliers à quitter leurs établissements scolaires à 17h30, c'est-à-dire au coucher du soleil pendant une certaine période de l'hiver. Certains d'entre eux dénoncent même «une décision idéologique qui influe négativement sur la qualité des cours et même sur toute la scolarité des enfants».L'emploi du temps infernal des écoliers n'est pas le seul souci qui pourrait remettre en cause les mesures prises par les pouvoirs publics en faveur du livre et de la lecture. Des parents d'élèves s'interrogent même sur la compétence du personnel enseignant dans cette mission de faire aimer la lecture à l'enfant. «Les séances consacrées à la lecture ne doivent pas être ennuyeuses ou perçues comme une punition par l'enfant. L'enseignant doit trouver le moyen d'attirer l'enfant vers le livre et la lecture», dit de son côté un enseignant à l'université de Tizi Ouzou dont l'un des deux enfants est scolarisé dans un établissement de la ville des genêts. C'est dans ce sens qu'il estime que «l'enseignant aussi a besoin d'être préparé sérieusement pour mener à bien cette mission aussi importante que délicate. Une mission qui doit être éloignée du bricolage ambiant», ajoute-t-il dans le même sens avant de s'interroger si la direction et le ministère de l'Education ont pensé dispenser une session de formation ou de recyclage au profit du personnel enseignant pour faire de cette mesure conjointe des ministères de l'Education et de la Culture une réussite totale pour l'épanouissement de l'enfant scolarisé. «Parce qu'avant d'apprendre la lecture à l'enfant, il faudra d'abord lui faire aimer la lecture, lui apprendre à aimer le livre», conclut-il en faisant preuve d'une certaine circonspection, en rappelant la délicatesse mais aussi la difficulté de réussir une action aussi complexe.