Encore une fois, la politique d'assistanat du gouvernement l'emporte sur le développement d'une économie productive. Dans le projet de Loi de finances 2012 approuvé lundi dernier en réunion du conseil des ministres, l'aspect social se taille la part du lion. L'enveloppe consacrée aux dépenses sociales vient juste après celle des salaires. 1300 milliards de dinars sont destinés aux allocations familiales, au paiement des compléments de retraites, au soutien des prix du lait, des céréales, des huiles, du sucre et de l'eau, au raccordement des foyers à l'électricité et au gaz, ainsi qu'à la solidarité nationale. En 2012, et tant que la rente pétrolière le permettra, l'Etat restera solidaire avec les démunis. Mais de quelles manière? En d'autres termes, comment sera géré cet argent? Si, s'agissant des premiers volets, il n'y a pas de grands dysfonctionnements à signaler, en revanche, pour celui de la solidarité, il y a toujours matière à réflexion. L'argent des démunis continue d'être dilapidé ou géré de manière hasardeuse. Pour preuve, l'opération de distribution aux familles nécessiteuses des aides scolaires à chaque rentrée ou des couffins de Ramadhan est souvent entachée d'irrégularités. Et pourtant, les fichiers des familles démunies sont bien établis au niveau des APC. Au sein des établissements scolaires, les enfants nécessiteux sont aussi recensés.Pourquoi alors perdre du temps et mener ces opérations annoncées souvent en grande pompe et dans des conditions peu claires et insuffisamment transparentes? C'est bien le parcours du combattant pour des milliers de familles vraiment dans le besoin avant de réussir à bénéficier des fameuses aides, lesquelles arrivent souvent en retard. Un quotidien national a rapporté la semaine dernière que des familles à l'intérieur du pays n'ont reçu les couffins de Ramadhan qu'une fois l'Aïd passé. Certes, l'aide est toujours bienvenue. Mais, elle aurait pu arriver à temps si les choses avaient tourné dans le bon sens. Autrement dit, si ceux en ayant la charge respectaient les délais.Continuer à augmenter la part des dépenses de solidarité sans s'assurer d'outils de contrôle et de régulations efficaces, ne règle en rien le problème. La misère sociale continuera d'être plus apparente, dans un pays ou les salariés appréhendent avec peine tout évènement appelant de grandes dépenses, à l'exemple de l'Aïd, du Ramadhan ou de la rentrée scolaire. Pendant ce temps, le gaspillage des deniers publics se poursuit et s'aggrave, en dépit des rappels soulignant la nécessité d'une utilisation efficace et rationnelle du budget de l'Etat. Et le gouvernement qui a promis une évaluation annuelle sur le sujet tarde à se manifester. Mais, ceci est un autre sujet… S. I.