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Le Sahel ou le syndrome soudanais
La situation en Libye exacerbe les enjeux géostratégiques
Publié dans La Tribune le 20 - 09 - 2011

Selon des experts, la région du Sahel connaît une forte croissance démographique d'environ 3,1% ce qui permet de prévoir une population de 100 millions d'habitants en 2020. Les incidences sociales, politiques et sécuritaires de cette croissance sont aussi prévisibles si la machine économique ne se met pas en branle dans les pays concernés et si la croissance et le développement n'englobent pas ces populations. Pour Mehdi Taje, chargé des études africaines à l'Institut de recherche stratégique de l'école militaire (IRSEM), «cette croissance affectera certainement la sécurité humaine et notamment alimentaire de la région dans son ensemble. Le Sahel est une région où a commencé tardivement la transition démographique : dans ce cadre, une multiplication non régulée de la population va se répercuter sur les fragiles équilibres internes. Divers risques peuvent en découler : multiplication, à la faveur du réchauffement climatique, de réfugiés climatiques allant vers les villes, création d'autochtonies, tensions intra-étatiques, etc.». A ce propos, que font les Etats du Sahel pour, d'une part, gérer cet immense espace, soustraire ses populations aux facteurs de l'exclusion politique, sociale, culturelle et économique ? Manifestement pas grand-chose pour certains, du moins pas assez pour en faire un bouclier contre toutes velléités d'ingérence et de déstabilisation, sinon absolument rien s'agissant des pays où les Touareg se sont rebellés et s'étaient alliés à Kadhafi qui, par sa mégalomanie, a entretenu et nourri le rêve d'un «Etat islamique du grand Sahara». Disposant de moyens financiers convaincants, le leader déchu à réussi, durant les années quatre-vingt, à anticiper sur les visées des puissances occidentales en enrôlant des jeunes Targuis du Mali et du Niger qui, à leur tour, ont entraîné des tribus entières dans une aventure sans issue, mais qui a, néanmoins, exacerbé la fragilité de la région et a ouvert la voie à l'aggravation du trafic d'armes et de drogue et à l'implantation planifiée de l'Aqmi. Les agissements irréfléchis de Kadhafi et leurs conséquences politico-sécuritaires ont servi d'alibi à l'ingérence étrangère dans la région. Ce que l'Algérie redoutait par-dessus tout vient de se concrétiser sous couvert du soutien à «la révolution» en Libye : l'intervention militaire dans un pays-clé du Sahel. Pour Mehdi Taje, «les ingérences étrangères manipulant différents acteurs afin de se positionner au sein de ce couloir stratégique et de prendre le contrôle des richesses sont nombreuses. L'arc sahélien est riche en ressources : après le sel et l'or, pétrole et gaz, fer, phosphate, cuivre, étain et uranium sont autant de richesses nourrissant les convoitises de puissances désirant s'en assurer le contrôle. Dans ce contexte, des stratégies de positionnement, de prise de contrôle, d'encerclement et de contre-encerclement participent à la définition des enjeux géopolitiques et géoéconomiques structurant le théâtre sahélien. A titre illustratif, il convient d'inscrire la vive rivalité américano-chinoise au Soudan dans un cadre plus global : le Soudan est un test dans le rapport entre ces deux puissances à l'égard du Sahel et du continent africain : en ce sens, la stratégie déterminée des Etats-Unis au Soudan viserait à contrer la puissante poussée géopolitique chinoise en Afrique en remettant en cause les fondements de la stratégie chinoise en Afrique, à savoir la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats, le respect de la souveraineté, etc. Dans ce cadre, l'insécurité surmédiatisée reflétée par la série d'enlèvements d'Occidentaux et la montée en puissance du trafic de drogue doit être analysée avec prudence et remise en perspective par rapport aux stratégies des puissances étrangères.»
Les Etats du Sahel appelés à plus de clairvoyance
C'est à ce titre que les pays sahélo-sahariens doivent être plus perspicaces et éviter de tomber dans le piège du tout sécuritaire qui commence à devenir un cercle vicieux où les politiques régionales tournent en rond, s'enferme et s'aveuglent quant à la nécessité vitale de faire de la prospective afin d'agir sur leur devenir au lieu de réagir à un présent qui leur est imposé. Est-il normal et dans l'ordre des choses que l'Islam radical devient une menace sérieuse sur la sécurité mondiale au lendemain de la chute du Mur de Berlin et qu'Al Qaïda, pure invention des laboratoires de la CIA, prenne tant d'importance à l'aube du troisième millénaire, alors que depuis Ibn Taymia, le salafisme a pris du poile de la bête et a tenté de s'imposer comme alternative pour ressusciter la khilafa musulmane après sa destruction par les Moghols et son passage aux mains des Souldjouqite ? Le salafisme n'a pu prendre forme comme pouvoir politique qu'en Arabie saoudite avec des versions nuancées dans émirats et sultanats du Golfe. Quant au cas iranien, n'est-ce pas une revanche historique du clergé chiite sur les sunnites lorsque Khomeiny a proclamé la République islamique en 1979 ? Ailleurs, le développement des courants islamistes est plus l'expression de la résurgence des réflexes patriarcaux et ataviques dans une société en crise identitaire et en crise de perspectives, incapable de concilier les valeurs modernistes et les valeurs séculaires face à un Occident offensif à travers un processus de globalisation tous azimuts, y compris culturelle. Les Etats du Sahel, comme tous les pays musulmans d'ailleurs, doivent changer de fusil d'épaule et de prisme afin de saisir les enjeux réels des stratégies qui s'élaborent dans des laboratoires occidentaux faisant des peuples du Sud des cobayes à leurs projections et desseins.
Le Sahel dispose de richesses convoitées par ceux qui en ont besoin. Ces ressources stratégiques pour les pays consommateurs coûtent de plus en plus cher dans un contexte de crise économique et financière qui menace la stabilité des puissances mondiales. Le contrôle de ces richesses est passé par l'étape du pillage, puis celle du colonialisme avant l'étape actuelle, celle de la partition des Etats. La Libye post-Kadhafi n'est pas sortie de l'auberge. Au moment où les différents courants politiques libyens vont se battre pour le pouvoir, trois puissances et leurs valets du Golfe vont se partager les richesses du pays non sans négliger l'aspect de la sécurisation des zones névralgiques du pétrole et du gaz. La Cyrénaïque, la Tripolitaine et le Sud libyen risquent alors d'entrer dans une confrontation pouvant aboutir à l'éclatement de «l'héritage» et des «héritiers». Mehdi Taje estime que l'«Aqmi semble être l'arbre qui cache la forêt, le terrorisme amplifié voilant les véritables enjeux et menaces. Qu'ils s'appellent Aqmi ou autre, il s'agit principalement d'acteurs cherchant à tirer profit du désordre sahélien. Le tableau est complexe et il est difficile d'y voir clair et de
déceler ce qui relève de l'intox et de la réalité.
L'analyste décèle dans ce magma trois acteurs principaux :
«Un axe que nous pourrions qualifier de «business» qu'il convient d'identifier avec précision. Des acteurs divers sont attirés par cet espace de fragilités et s'allient avec des forces locales afin de tirer bénéfice du désordre : c'est ce que l'on peut qualifier de criminalisation des acteurs économiques : c'est la criminalisation financière. Le danger réel risquant d'impacter durablement les équilibres des sociétés sahéliennes est la prise de contrôle du pouvoir par des acteurs criminels vivant de rentes criminelles. Ainsi se produit le basculement d'une criminalisation économique vers une criminalisation politique. L'axe politico-énergétique : l'arc sahélien, zone de vulnérabilités et sous-défendue, attire toutes les convoitises du fait des richesses de son sous-sol et des futurs projets de désenclavement des ressources énergétiques (TGSP, etc.). Dans ce cas de figure, il s'agit de cartels, des grandes majors et nous basculons dans les intérêts stratégiques et les identités multiples. Ces acteurs sont en mesure et disposent des moyens de corrompre, créer des leurres, posséder une armée privée, armer des rébellions et des dissidences, etc. Leur capacité d'action est extrêmement puissante et significative. Par ailleurs, des Etats sont derrière : ainsi, la menace terroriste est amplifiée, voire nourrie, afin de permettre à des Etats en rivalités pour la prise de contrôle des richesses, de se positionner économiquement et militairement au sein de ce couloir stratégique reliant l'océan Atlantique à la mer Rouge et offrant la possibilité de peser sur les équilibres géopolitiques et énergétiques du Maghreb et de l'Afrique de l'Ouest. Plus spécifiquement, compte tenu de l'accroissement progressif des richesses énergétiques et minières de la zone, celle-ci s'érige en «hub énergétique» de plus en plus convoité par les grandes puissances désireuses de sécuriser et diversifier leurs approvisionnements en hydrocarbures. La géopolitique des tubes, sur fond de rivalités croissantes, commence à se dessiner, les grands de la planète organisant progressivement le désenclavement de ces richesses vers les zones de consommation, en Asie, via le Soudan, en Amérique, via le golfe de Guinée, et vers l'Europe continentale, à travers le Sahara et le Maghreb. Dans ce contexte, il leur devient nécessaire de créer des catégories de perversions qui obéissent à leurs finalités. En effet, sans nier l'existence de quelques éléments se réclamant du terrorisme djihadiste et sillonnant la bande sahélienne, la focalisation par les Occidentaux sur le Sahel représenté comme une sorte de «nouvelle zone tribale à la pakistanaise» d'où pourraient provenir de lourdes menaces, n'est pas neutre et dépourvue d'arrière-pensées. Il s'agit de ne pas se laisser abuser par l'épouvantail Al Qaïda ! Par ailleurs, nous assistons à une exacerbation des rivalités et des tensions entre les voisins de «l'océan sahélien» (Algérie, Maroc, Libye). Compte tenu de la prééminence de ses moyens militaires et autres (humains et économiques), l'Algérie s'érige progressivement en pivot de la lutte contre le terrorisme au Sahel. Cette orientation répond à une ambition algérienne visant à affirmer son leadership sur ce théâtre en relativisant le poids du Maroc et de la Libye. Troisième axe, les réseaux mafieux locaux, qui tel un nodule, se greffent sur un corps malade en se donnant une rhétorique «qaidiste» afin de brouiller les cartes d'intelligibilité. Les trafics sont nombreux : armes, véhicules, cigarettes, êtres humains, médicaments, avec une fulgurante montée en puissance du trafic de drogue (cocaïne depuis l'ouest et héroïne de l'est, érigeant la ceinture sahélienne en véritable «hub du narcotrafic»), etc. Ces trafics ont toujours existé et existeront toujours. Ils ne constituent qu'un élément supplémentaire de déstabilisation sur l'échiquier sahélien.»
Transcender le syndrome sécuritaire
Avant la crise en Libye, les éléments de l'Aqmi étaient équipés en armes légères. Aujourd'hui, ils disposent d'un armement lourd ce qui aggrave la menace sur la sécurité des installations et de l'aviation. Le défi des pays du Sahel est double : faire face à la menace terroriste qui est réelle mais transcender le syndrome sécuritaire en formulant une réponse prospective et stratégique non seulement à travers l'impératif développement économique des régions du Sahara mais en coupant l'herbe sous les pieds des différents acteurs qui veulent tirer profit de la déstabilisation des pays du Sahel. Car, pour ces derniers, si les pays concernés sont incapables d'assurer la sécurité des ressources énergétiques, ce sont eux-mêmes qui le feront. Ce scénario s'articule autour de deux options :
L'implantation de bases militaires occidentales dans différents pays du Sahel.
La partition des pays récalcitrants et opposés à une présence militaire étrangère dans la région. Les «révolutions» colorées au début et incolore et inodore aujourd'hui, sont l'instrument devant permettre la mise en œuvre et la réalisation de ces objectifs. La Birmanie et la Corée du nord seraient-elles plus démocratiques que la Tunisie, la Libye, le Yémen, l'Egypte et la Syrie ? Le peuple palestinien serait-il dans un paradis ? L'argument du soutien aux peuples en lutte pour la démocratie est battu en brèche par la réalité d'autres peuples en situation de détresse et que le même Occident ignore parce qu'ils ne représentent aucun intérêt stratégique. Au-delà de ce constat que beaucoup d'analystes ont fait, les pays du Sahel sont condamnés à s'entendre et à approfondir leurs liens indépendamment de la nécessaire lutte antiterroriste. L'intégration économique et politique du Sahel s'impose comme une alternative de survie pour toute la région.
A. G.


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