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Un Maghreb démocratique est-il possible ?
L'autoritarisme politique et les faibles échanges économiques et culturels freinent la construction maghrébine
Publié dans La Tribune le 24 - 09 - 2011

Depuis les indépendances, l'existence de dictatures civiles et militaires ou de régimes plus ou moins autoritaires, à caractère monarchique ou républicain, a constitué un puissant frein à l'édification des Etats unis du Maghreb. En témoigne l'ersatz d'union maghrébine symbolisé par la virtuelle UMA, l'Union du Maghreb Arabe, une coquille politique vidée de toute substance depuis sa création en 1989. L'extrême faiblesse des échanges économiques et culturels et des flux migratoires ou touristiques entre les cinq pays de la région, est un empêchement tout aussi puissant de la construction maghrébine. Comme l'est aussi le conflit du Sahara Occidental qui empoisonne des relations diplomatiques à minima entre l'Algérie et le Maroc, deux puissances régionales qui auraient pu être à l'édification maghrébine ce que le couple franco-allemand fut à la construction européenne. Les processus de démocratisation espérée, annoncée ou en cours dans ces pays nord-africains, seraient-ils, à contrario, des facteurs d'intégration politique, économique et culturel réelle ? La démocratie, permettrait-elle de bâtir un Maghreb uni des libertés alors même que l'autoritarisme n'a pas favorisé la création d'une union maghrébine des régimes fermés ? S'il est trop tôt pour répondre par la négative, il est tout aussi prématuré d'y apporter une réponse contraire. La question ouvre tout de même une lucarne de débat.
La démocratisation de l'espace maghrébin sera un processus de longue haleine, difficile, sans doute semé d'embûches, à l'issue duquel s'installeraient des régimes à géométrie démocratique variable. Les évolutions politiques et sociales en cours dans les cinq pays du Maghreb conditionneront beaucoup les futures configurations démocratiques. Ces systèmes seraient le produit de concessions politiques comme c'est le cas du Maroc, de l'Algérie et de la Mauritanie. Ou encore le résultat d'un rapport de force populaire ou révolutionnaire imposé en Tunisie et en Libye. Ici ou là, les évolutions démocratiques seraient perçues comme un bouleversement politique majeur ou, ce qui semble plus réaliste, comme une simple péripétie. Au Maghreb, les expériences pluralistes ne différent pas beaucoup de celles de nombres de pays d'Afrique noire : elles reproduisent peu ou prou les scénarios maintenant connus de l'ouverture politique contrôlée ou de la restauration à caractère démocratique. A l'exception de la Libye, l'ouverture pluraliste a toujours fait preuve d'une remarquable capacité d'adaptation qui permet aux régimes de survivre ou de se régénérer, en se réajustant sans cesse. Après avoir connu des démocraties bananières, le Maghreb risque de connaître des démocraties de connivence plus ou moins acceptables, plus ou moins évoluées. Les changements promis et promus n'expriment pas, à ce jour, une réelle intention de se démocratiser. Il est à craindre donc que les processus en cours traduisent une réinvention cosmétique de l'illusion démocratique maghrébine. En effet, dans tous les pays maghrébins, habitués ou pas à des expériences pluralistes, on assiste à des transitions qui sont un entre-deux équivoque de la libéralisation. Evolutions incertaines comme en Tunisie et en Libye ou transformations contrôlées comme en Algérie, au Maroc et en Mauritanie : dans les deux cas de figure, les régimes seraient les instigateurs et les premiers bénéficiaires des ouvertures démocratiques consenties par les régimes ou imposées par une rue révolutionnaire qui a battu le pavé ou porté les armes. Pour l'instant, les feuilles de route politiques dans les cinq pays maghrébins ne permettent pas de dessiner des perspectives démocratiques certaines. Mais les photographies du moment n'autorisent pas pour autant un optimisme béat. Les calendriers politiques ne dessinent pas les constructions démocratiques solides et crédibles. En Libye, la chute du régime du colonel Mouammar Kadhafi ne s'accompagne pas ipso facto du triomphe conjoint de la liberté, de la sécurité et du droit. Donc, d'une construction démocratique vertueuse. Le scepticisme sur la capacité d'un régime devant sortir des limbes d'un CNT qui n'est pas l'exclusif et exhaustif représentant de l'ensemble des forces politiques et militaires post-Kadhafi, est de mise. Et, même si on devait écarter tout scénario de conflictualité majeure entre tribus, factions militaires et groupes politiques, le doute demeure quant à la capacité du CNT à instaurer une dynamique politique interne. Dans le cas de la Libye, le désordre ne serait pas forcément générateur de démocratie, car rien ne permet, à ce stade, de penser que les courants islamistes, représentés par les salafistes, les djihadistes et les Frères Musulmans, respecteraient, demain, un contrat démocratique. Rien n'est moins sûr dans un pays où n'existent pas des traditions politiques et électorales, à fortiori une expérience pluraliste. La Libye de Kadhafi, construite sur les décombres d'une monarchie grabataire, n'a pas doté le pays de classes moyennes, de partis politiques et d'opposition, sauf une mosaïque d'opposants à l'étranger et d'activistes islamistes radicaux. En Tunisie, la révolution aux senteurs de jasmin exhale depuis quelques mois des fragrances de doute politique et d'incertitude démocratique. Contrairement à la Libye, il y a certes dans l'ancienne Carthage une conscience politique, citoyenne et intellectuelle qui remonte à l'époque lointaine des beys. Le beylicat a en effet donné à la Tunisie, en 1861, une Constitution, ce qui était une première dans le monde arabo-musulman. Certes, la révolution est désormais d'une Haute commission des réformes, chargée de veiller à ce que ses espoirs démocratiques ne soient pas trahis. Un processus de changement démocratique, qui débute par l'élection d'une assemblée constituante, le 23 octobre 2011, est lancé. La future assemblée aura pour mission de confectionner et d'adopter une nouvelle Constitution qui doit réguler une vie politique dominée aujourd'hui par 82 partis dont la force hégémonique est, selon les sondeurs et les prévisionnistes, les islamistes d'Ennahda, le mouvement le mieux structuré du pays. Les partisans de Rached Ghannouchi sont dans le peloton de tête des intentions de vote, ou tout du moins, constituent le parti le plus mobilisateur dans le pays. La tradition politique et civique en Tunisie n'empêche guère que se déroule dans le pays une transition opaque. L'armée, respectée, est aujourd'hui garante de la stabilité du pays mais la colonne vertébrale administrative et sécuritaire du régime bénaliste, miraculeusement solide, est aux commandes d'un processus démocratique dont les Tunisiens eux-mêmes ne savent pas de quoi il sera réellement fait. Que se passera-t-il après le 23 octobre prochain et l'élection d'une assemblée constituante ? Le fragile consensus tunisien sur une transition démocratique pacifique et ordonnée, volera-t-il en éclat si les islamistes parvenaient au pouvoir par la grâce des urnes ? Nul le sait, pas même le leader historique d'Ennahda qui multiplie gages de respectabilité politique et garanties démocratiques. A savoir que les islamistes tunisiens œuvreraient à l'instauration d'une démocratie musulmane sur le modèle de l'AKP turc. Mais l'expression d'une bonne foi politique aujourd'hui ne vaut pas forcément réalité démocratique demain. L'Algérie n'échappe pas elle aussi au scepticisme. Les réformes promises par le président de la République le 15 avril dernier, se présentent comme des évolutions démocratiques à la marge. Les nouvelles lois censées régir la future vie politique n'apportent pas des changements démocratiques radicaux par rapport aux textes en vigueur depuis 1989. Les modifications restent marginales, en tout cas, en deça des attentes et des espoirs suscités. Le régime, qui semble redouter un changement radical, même concerté et objet d'un solide consensus politique national, veut être l'ordonnateur et le contrôleur exclusif de la transition politique annoncée. Sa démarche en deux temps, avec la modification de cinq lois essentielles (partis, code électoral, information…) et la future révision constitutionnelle, traduit un souci de favoriser des évolutions restreintes et progressives, en lieu et place de transformations profondes mais douces. Des changements qui seraient le fruit d'un vrai contrat démocratique national entre le régime et l'ensemble des forces politiques, sociales et intellectuelles du pays. Et qui auraient permis l'avènement, à moindre coût politique et social, d'un nouveau régime qui ferait le lit d'une nouvelle république démocratique. On est cependant loin de la coupe aux lèvres. Constat identique pour le Maroc. Le roi Mohamed VI qui a lancé un train de réformes politiques avec de réelles avancées en matière de droits de l'Homme, demeure cependant le maitre du jeu. S'il a consenti de partager des prérogatives marginales avec le Premier ministre, il reste le garant de la Constitution, de la souveraineté du royaume et de son intégrité territoriale, le gardien du dogme musulman, le chef de la diplomatie, le commandant suprême des forces armées, bref le premier et le dernier responsable du destin de son peuple. Il régnera toujours tout en partageant quelques prérogatives gouvernementales. Le roi règne et gouverne sans gérer directement. La Mauritanie, à l'image de l'Algérie et du Maroc où les régimes en place entendent octroyer le changement et le maîtriser, est lancée dans un processus d'ouverture démocratique contrôlée. Un dialogue politique est en cours dans un pays qui a connu ses premières élections relativement libres en 2006 et 2007. Après le régime paternaliste à parti unique d'Ould Daddah, le régime a vécu l'ère autoritaire d'Ould Taya, avant une période de troubles ayant abouti au coup d'Etat militaire de 2005 qui s'est achevé par l'élection régulière de Sidi Ould Cheikh Abdellahi en avril 2007. Là aussi, à l'image de l'Algérie, les changements en cours sont consentis en sous mains par l'armée, sur fond de forte agitation sociale. Comme partout ailleurs au Maghreb, et sauf événements majeurs contraires, la démocratisation apparait pour ce qu'elle est : la continuation, par d'autres moyens, de la l'expérience pluraliste sous contrôle. En somme, un passage de la démocratie de façade à la démocratie des vitrines mieux achalandées et plus attractives.
N.K.


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